Le Maroc prévoit de lancer une nouvelle émission d’obligations islamiques, ou « sukuk », avant la fin de l’année 2025, marquant ainsi son retour sur ce marché sept ans après une première opération réussie. L’annonce a été faite par le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, en marge du 23ᵉ Forum sur la Stabilité Financière Islamique tenu le 3 juillet à Rabat. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale de développement de la finance participative, à un moment où le Royaume cherche à mobiliser des financements pour des projets majeurs, notamment dans le cadre de l’organisation de la Coupe du monde 2030.
La première et unique émission de sukuk souverains au Maroc remonte à 2018. Il s’agissait d’une opération d’un milliard de dirhams sous forme de certificats de type Ijara, adossés à des actifs immobiliers de l’État, avec un rendement annuel de 2,66 % sur cinq ans. L’émission avait rencontré un franc succès auprès des investisseurs institutionnels, avec un taux de sursouscription de 3,6 fois. Depuis l’échéance de ces sukuk en 2023, le Maroc n’a plus eu recours à ce type de financement, privilégiant les émissions d’obligations classiques, notamment en euros.
Introduite officiellement en 2017, la finance participative reste peu développée au Maroc. Elle ne représente actuellement que 2 % des actifs bancaires totaux, un niveau jugé insuffisant par les autorités monétaires. Aucun sukuk d’entreprise privée n’a encore été émis sur le marché local. Le gouverneur de la Banque centrale souligne que plusieurs freins subsistent, notamment un manque de liquidité, des lourdeurs administratives et des lenteurs réglementaires dans l’autorisation de nouveaux produits financiers.
Malgré ces obstacles, le cadre réglementaire est en place et les autorités semblent déterminées à faire avancer ce segment. La relance des sukuk vise à diversifier les sources de financement du pays, en mobilisant des fonds dans le respect des principes de la finance islamique. Cela pourrait permettre de répondre aux besoins croissants liés à la réalisation de grands projets, en particulier dans les domaines des infrastructures, du transport et de la transition énergétique.
Le choix de la devise pour cette nouvelle émission n’a pas encore été arrêté. Qu’il s’agisse du dirham ou d’une monnaie étrangère, l’opération devrait refléter la volonté du Maroc d’attirer des investisseurs variés, tout en renforçant l’attractivité de la finance participative. À l’approche de 2030, le Royaume cherche à consolider son positionnement économique régional, et la relance des sukuk s’annonce comme un outil stratégique au service de cette ambition.