Rentrée Universitaire 2023-2024: Les nouveautés attendues pour les diplômes de Licence, Master et Doctorat
La réforme de l’enseignement supérieur au Maroc progresse avec l’approbation du décret sur la nouvelle organisation pédagogique de l’université marocaine en Conseil de gouvernement. Cette réforme comprendra des changements importants tels que la formation en alternance, l’intégration de l’intelligence artificielle et la mise à jour des filières, ouvrant ainsi la voie à une évolution significative du secteur de l’éducation supérieure dans le pays.
Le Conseil de gouvernement a approuvé lundi le projet de décret n°2.23.668 modifiant et complétant le décret n°2.04.89 du 18 Rabii 1425 H (7 juin 2004) fixant la vocation des établissements universitaires, les cycles des études supérieures, ainsi que les diplômes nationaux correspondants.
Le secteur universitaire s’apprête à accueillir une série de réformes significatives dès la prochaine rentrée. Suite à l’approbation d’un décret par le Conseil de gouvernement le 24 juillet, le ministère a dévoilé sa feuille de route, qui dessine les contours d’une nouvelle organisation pédagogique. Cependant, il est important de noter que l’ingénierie pédagogique actuelle du système Licence-Master-Doctorat (LMD) sera maintenue, tout en conservant les durées traditionnelles pour chaque cycle : 3 ans pour la licence, 2 ans pour le master et 3 ans pour le doctorat. Ces changements devraient être mis en œuvre en vue d’améliorer l’efficacité et la pertinence du système universitaire du pays.
Dès la prochaine rentrée universitaire, les diplômes « Licence en Études Fondamentales » et « Licence Professionnelle » seront tous deux regroupés sous l’appellation « Licence ». Toutefois, il est important de noter que le diplôme « Licence d’éducation » conservera sa dénomination actuelle, car il est soumis à des directives pédagogiques spécifiques et à une Convention-Cadre en lien avec la mise en œuvre du programme de formation des professeurs des cycles primaire et secondaire à l’horizon 2025.
À l’échelon de la licence, l’objectif majeur est de doter les étudiants des compétences techniques, linguistiques et comportementales essentielles pour réussir leur intégration socioprofessionnelle. Il s’agit de leur fournir les outils nécessaires pour répondre aux exigences du marché du travail et s’épanouir dans leur future carrière.
Concernant le niveau du master, la réforme met en avant une formation spécialisée qui permettra aux diplômés de contribuer activement au renforcement de la compétitivité du tissu productif national. Ces étudiants seront préparés à relever les défis et les enjeux propres à leur domaine d’expertise, en acquérant des compétences pointues et en développant des connaissances approfondies dans leur domaine de spécialisation.
Enfin, le doctorat représente le sommet du parcours universitaire, et cette réforme vise à former une nouvelle génération de chercheurs et d’enseignants-chercheurs selon les standards internationaux les plus élevés. Les doctorants seront amenés à se positionner en tant que contributeurs clés de la recherche, capables de répondre aux priorités nationales en matière de recherche et de développement. En dotant les futurs docteurs d’une expertise pointue et d’une vision globale, cette réforme vise à faire émerger des acteurs compétents et inspirants dans le domaine de la recherche scientifique.
Ainsi, l’un des aspects clés de cette réforme est la création de passerelles entre les différentes filières et les établissements d’enseignement supérieur. Ces passerelles permettront aux étudiants de réorienter leur parcours académique en choisissant une autre filière au sein du même établissement ou dans un autre, tout en conservant les crédits validés. Cette démarche offre une plus grande liberté de choix aux étudiants, tout en les encourageant à explorer différents domaines d’études pour mieux cerner leurs aspirations professionnelles.
Par ailleurs, l’adoption du système de crédits européens (ECTS) constitue une avancée majeure dans la mise en place du modèle LMD. Ce système de crédits, largement utilisé à l’échelle internationale, permettra de faciliter la reconnaissance et la comparabilité des diplômes au niveau européen. Chaque module d’enseignement et chaque cycle seront évalués en fonction du nombre de crédits obtenus, ce qui facilitera les transferts d’étudiants entre les établissements et les pays, tout en favorisant la mobilité académique.
La réforme envisage par ailleurs d’intégrer la possibilité de prendre en compte des activités parallèles dans le contenu de la formation de la filière, et ce, en leur attribuant des crédits à prendre en compte lors des délibérations de validation.
La réforme prévoit également l’ajout d’annexes aux diplômes, fournissant un aperçu clair du parcours de chaque étudiant, incluant les activités, les stages, les travaux de recherche et les certificats acquis dans divers domaines tels que les langues et le numérique. Cette mesure vise à faciliter la poursuite des études supérieures, la mobilité nationale et internationale, tout en mettant en valeur les compétences et qualifications essentielles pour réussir sur le marché du travail.
Parmi les autres propositions novatrices, on retrouve la révision de l’offre de formation dans les établissements à accès ouvert. Cela implique une actualisation du cycle licence et des troncs communs, qui n’ont pas été modifiés depuis près de deux décennies, tout en introduisant un tronc commun en informatique. De nouvelles filières du cycle licence seront également créées pour diversifier l’offre de formation et atteindre les objectifs du PACT ESRI 2030 et des rencontres consultatives.
La réforme comprend la création de centres d’excellence pour les étudiants, de nouveaux cycles de formation, des renforcements des compétences linguistiques et digitales, ainsi que des modules enseignés en anglais.
La réforme prévoit la mise en place de modules de formation digitalisés pour améliorer les compétences numériques des étudiants, notamment dans le domaine du digital et de l’intelligence artificielle. Des modules de formation seront également créés pour développer les compétences transversales, y compris les soft skills, la citoyenneté, l’histoire du Royaume et son patrimoine culturel et artistique.
Le Maroc prévoit de créer des espaces de coding « Code 212 » au sein des universités pour permettre aux étudiants d’obtenir une double compétence certifiée. Ces centres mettront l’accent sur une approche pédagogique basée sur des projets concrets, favorisant ainsi l’apprentissage actif et collaboratif (Learning by Doing & Peer Learning). L’objectif est de doter les étudiants de solides compétences dans les domaines de l’économie numérique tels que le digital, le big data, la robotique, les objets connectés et l’intelligence artificielle, répondant ainsi aux besoins futurs du marché de l’emploi au Maroc.
Le ministère de l’Enseignement Supérieur du Maroc prévoit une réforme majeure du cycle doctoral pour former une nouvelle génération de doctorants aux normes internationales. La réforme vise à revitaliser le corps enseignant et à promouvoir les compétences pédagogiques et scientifiques des enseignants-chercheurs. Elle comprendra des critères de sélection plus stricts, des formations en innovation pédagogique, ainsi que des conditions de publication et de soutenance plus rigoureuses. De plus, des collaborations internationales seront encouragées pour les travaux de recherche. L’objectif est de créer une pépinière de talents capables de répondre aux défis futurs de l’enseignement supérieur.
Les normes pédagogiques seront prochainement établies par arrêté gouvernemental pour le nouvel enseignement supérieur. Ces cahiers détailleront les conditions d’accès aux cycles, l’organisation des filières, la répartition des modules disciplinaires et du tronc commun national, ainsi que les modules de langues étrangères et de compétences transversales.
La création de passerelles entre filières, la comptabilisation des crédits ECTS, la validation des modules et cycles, la mobilité des étudiants, et la certification en langues étrangères seront également définies. Cette approche progressive permettra une transition en douceur vers le nouveau cadre pédagogique, permettant aux étudiants de valoriser leurs acquis tout en saisissant les opportunités de la réforme.