Le bureau du Syndicat national de la presse marocaine de Rabat a organisé, ce mercredi 16 avril, une rencontre de concertation élargie avec les journalistes de la presse écrite et électronique. Ce rendez-vous s’est tenu au siège central du Syndicat à Rabat, en présence d’un public nombreux et engagé, à la mesure des attentes professionnelles et sociales qui pèsent sur le paysage médiatique national.
Ce moment d’échange a constitué une plateforme de réflexion autour des dernières évolutions de l’accord social signé le 16 avril 2023 entre le Syndicat national de la presse marocaine et l’Association nationale des médias et des éditeurs, sous l’égide du ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication. L’occasion fut également propice pour débattre du projet de convention collective-cadre destinée aux journalistes professionnels, un texte encore en attente de mise en œuvre depuis plus de trois ans.
Dans son allocution, Abdelkabir Akhchichen, président du Syndicat, a qualifié ladite convention de véritable « loi fondatrice » des revendications de la famille médiatique. Il a insisté sur le fait que sa mise en application équitable et rigoureuse pourrait constituer un levier décisif pour refonder les conditions professionnelles et sociales des journalistes, en garantissant leur dignité et leur stabilité.
Le président a également retracé les circonstances ayant entouré la signature de l’accord social de 2022, soulignant que celui-ci n’est que l’aboutissement d’un long processus de plaidoyer et de mobilisation. Toutefois, il a précisé qu’il ne saurait être une fin en soi : il doit impérativement s’accompagner de mécanismes juridiques et organisationnels clairs, capables d’assurer les droits des journalistes et de rétablir l’équilibre de l’écosystème médiatique.
Évoquant l’état de la presse écrite, Akhchichen a dressé un constat alarmant : précarité des structures, fragilité des conditions matérielles des professionnels… Il a plaidé pour une refonte du système de rémunération, dans l’optique de garantir un minimum de justice sociale au sein des entreprises de presse.
Par ailleurs, il a soulevé de vives interrogations concernant la date d’expiration du soutien prévu par l’accord social – échéance atteinte en mars dernier – dans un contexte marqué par l’absence d’une vision réformatrice globale. Une telle vision devrait permettre d’intégrer le soutien public dans un cadre structurel stimulant l’excellence et préservant la dignité des professionnels.
S’agissant du secteur audiovisuel, les interventions ont dénoncé une inégalité criante, notamment au sein des radios privées, où des dizaines de journalistes et de techniciens exercent dans des conditions indignes de leur statut. Une situation jugée intenable, appelant une intervention législative et réglementaire urgente.
En outre, cette rencontre, qui s’inscrit à quelques semaines de la Journée mondiale de la liberté de la presse, a résonné comme un cri d’alerte face à l’indifférence institutionnelle aux doléances des professionnels. Elle a lancé un appel clair à la reconfiguration des priorités des politiques publiques en matière de communication, à la hauteur du rôle essentiel du journaliste dans la défense de la vérité et la consolidation des valeurs démocratiques.