Presse et médias : les syndicats appellent Akhannouch à retirer le projet de loi 26.25 du Parlement

Des organisations syndicales et professionnelles du secteur de la presse et des médias ont interpellé le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, lui demandant d’intervenir de manière urgente pour retirer le projet de loi 26.25 relatif à la réorganisation du Conseil national de la presse, actuellement en examen à la Chambre des conseillers, et de le ramener à la table du dialogue social sectoriel.

Dans une lettre adressée au chef de l’exécutif, les signataires – représentants de journalistes, d’éditeurs, d’organisations de défense des droits humains et d’associations de la société civile – ont exprimé leur « profond mécontentement » face à la volonté du gouvernement de faire avancer ce texte, déjà adopté par la Chambre des représentants, et désormais soumis à la Commission de l’enseignement, des affaires culturelles et sociales.

Les organisations dénoncent un projet imposé « malgré un rejet quasi unanime des acteurs professionnels, syndicaux et politiques », ce qui aurait provoqué « un vif sentiment de frustration » au sein du corps journalistique. Elles estiment que le « véritable dialogue » avec les professionnels n’a pas eu lieu, et que la consultation évoquée par le ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication ne saurait être considérée comme une concertation authentique.

Elles accusent également le projet d’avoir été élaboré en dehors d’une démarche participative, en contradiction avec les principes de transparence et de démocratie, et en violation des articles 25, 27 et 28 de la Constitution. Selon elles, la réforme telle que proposée accorde aux grands éditeurs une mainmise sur les instances décisionnelles, marginalisant les petites et moyennes structures médiatiques.

La lettre met en garde contre l’adoption du mode de scrutin uninominal pour l’élection des représentants des journalistes, qui « ne garantit pas une représentation équitable » et constitue, selon les signataires, « un recul par rapport à l’expérience de 2018 », laquelle avait privilégié les listes syndicales et permis un meilleur équilibre. Un tel dispositif, affirment-ils, consacre une approche de contrôle au détriment de l’indépendance de la profession.

Les auteurs du courrier soulignent en outre que le texte « favorise une catégorie précise de grands éditeurs » en leur conférant des prérogatives exécutives, administratives et disciplinaires, en totale contradiction avec l’esprit du modèle d’autorégulation de la presse, la Constitution et les engagements internationaux du Maroc en matière de libertés syndicales et de représentativité professionnelle.

Ils appellent enfin le chef du gouvernement à intervenir immédiatement pour suspendre l’examen du projet et à rouvrir la voie à une révision fondée sur une véritable négociation avec l’ensemble des parties prenantes, conformément à l’article 78 de la Constitution et en tenant compte des dimensions économiques, sociales et professionnelles du secteur.

La lettre conclut que toute réforme crédible du champ médiatique doit reposer sur un consensus entre les professionnels et leurs représentants légitimes, loin des approches unilatérales et des expériences partielles qui tendent à exclure des composantes essentielles du paysage médiatique national.

Le document a été signé par :

  1. Abdelkebir Khchichine, président du Syndicat national de la presse marocaine,
  2. Mahtat Rekkas, président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux,
  3. Mohamed El Wafi, président de l’Union nationale de la presse, de l’information et de la communication (UMT),
  4. Abderrahmane El Hattabi, secrétaire général national du Syndicat national des médias et de la presse (CDT),
  5. Abdelouafi Harrak, président de la Confédération marocaine des éditeurs de journaux et médias électroniques.

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