Noureddine Miftah décrit le secteur de la presse écrite de manière sombre lors du 10e congrès de la Fédération des éditeurs
Noureddine Miftah, président de la Fédération Marocaine des Éditeurs de Journaux, a dressé un sombre tableau de la situation de la presse écrite depuis la pandémie de Covid-19, tant sur le plan éthique que sur le plan économique.
Lors de la dixième conférence de la Fédération Marocaine des Éditeurs de Journaux, tenue aujourd’hui vendredi à Casablanca, Miftah a déclaré : « Nous avons continué à traîner la crise par les pieds et la futilité est devenue la norme ». Pour certains, le non-respect des principes éthiques est devenu une pratique flagrante « à des fins commerciales ». Le secteur de la distribution s’est effondré ou est sur le point de s’effondrer, et les ventes de journaux ont chuté de plus de 70%, la presse ayant perdu près des deux tiers de ses recettes publicitaires au profit d’autres canaux.
Selon lui, le plus grave est que le pont de confiance « s’est fissuré entre la presse et une société qui ne voit en elle qu’un conflit autour du soutien, de l’égoïsme et de l’effort dépensé dans des futilités, abandonnant ainsi les véritables rôles de défenseurs de ce message, notamment la critique, la reddition de comptes et le contrôle des affaires publiques ».
Miftah a souligné que l’intensité de la crise qui a frappé le secteur en début d’année 2020, ainsi que la regrettable décision des autorités publiques de suspendre l’impression des journaux pendant plus de 3 mois, « ont poussé certains de nos collègues à préférer créer une seconde organisation », considérant cela comme une réponse à la crise qui ne fait qu’aggraver la situation.
Il a également évoqué la crise du Conseil national de la presse et comment la gestion d’une procédure normale de renouvellement des structures du Conseil a été transformée en une « série surréaliste ».
Au départ, le mandat de ce Conseil a été prolongé de six mois pour lui donner le temps d’organiser ses élections, puis à la fin de cette période, un « projet de commission intérimaire chargée de gérer les affaires de la presse, à qui tous les pouvoirs du Conseil expiré ont été conférés », a été créé, en plus de la mission de trouver une nouvelle vision pour le secteur et de superviser les élections après deux années complètes de retard, en laissant de côté tous les membres du Conseil à l’exception de ceux appartenant à deux organisations spécifiques, qui étaient favorables à cette approche rejetée par l’opinion publique professionnelle et les experts impartiaux en raison de son inconstitutionnalité et de son illégalité.
Il a affirmé que cette approche a approfondi la tendance à l’exclusion, soutenue par un accord social entre deux parties qui tentent de l’imposer à tous, bien que « son contenu soit problématique et sa forme frappe pour la première fois depuis vingt ans l’approche participative » qui est restée ancrée entre les partenaires de ce dossier.
Il a estimé que cette approche a intensifié les conflits, approfondi les blessures et alimenté les divisions, reléguant la profession aux marges de l’organisation et des rivalités, abandonnant ainsi l’essentiel, à savoir la presse en tant que presse et fonction pour répondre au droit du citoyen à une information indépendante, impartiale, libre et responsable.
Miftah a souligné que la Fédération et ses partenaires aux valeurs professionnelles sincères ont condamné cette dérive vers un abîme qui semble être une évasion pour certains, mais qui était des choix amers qui n’ont été atténués que par la réaction sociale généralisée rejetant ce qui était considéré comme une atteinte à ses aspirations légitimes en matière de gestion démocratique d’un secteur qui fait partie de l’échelle de la pulsation démocratique.
Malgré tout cela, pendant vingt ans, Miftah a souligné que le dictionnaire de la Fédération Marocaine des Éditeurs de Journaux ne contenait pas le mot « désespoir ». Il affirme que la lutte pour une presse sérieuse et libre n’est pas un chemin parsemé de roses, mais un engagement et un sacrifice dans le domaine de l’espoir.
Pendant la conférence, il est prévu d’élire un nouveau président de la fédération, un bureau exécutif et un conseil fédéral.