Le Théâtre Mohammed V, joyau culturel historique du Maroc, s’est transformé hier soir en une sorte de hammam luxueux mais non désiré, à l’occasion du concert tant attendu du chanteur irakien Kadhem Saher, dans le cadre du Festival « Mawazine », censé être « international » au vu de son nom et de son budget annuel dépassant les 100 milliards de centimes.
Les spectateurs, venus de toutes les régions munis de billets au prix exorbitant et aux allures de prestige VIP, se sont retrouvés plongés dans une chaleur suffocante, piégés dans une séance de vapeur involontaire, en l’absence totale de climatisation. On aurait dit que les organisateurs avaient imaginé une expérience artistique thermique offerte gracieusement avec chaque chanson du « César du chant arabe ».
Pour ne rien arranger, l’organisation a frôlé le chaos, mêlant désordre total et improvisation flagrante. La salle, censée être un écrin pour la musique, s’est muée en véritable arène de survie respiratoire, alors que la climatisation semblait avoir choisi, elle aussi, de boycotter la soirée.
Nombre de spectateurs, accablés par la chaleur, ont préféré quitter les lieux avant la fin du spectacle, résumant leur expérience par un amer constat : « On est venus écouter Kadim, on a fini par bouillir. »
Certains n’ont pas manqué d’ironiser sur le décalage grotesque entre les budgets faramineux alloués à l’événement et l’incapacité à assurer un minimum de confort, se demandant si la sueur du public allait, à elle seule, garantir la rentabilité du festival.
Quant aux sociétés en charge de l’organisation, elles ont manifestement misé sur la « chaleur humaine » pour remplacer les systèmes techniques défaillants, comme si la climatisation n’était qu’un luxe superflu — dans un pays pourtant engagé dans des politiques de transition énergétique et d’efficacité logistique.
Par ailleurs, entre la chaleur étouffante de la salle et la fièvre musicale de l’artiste, la soirée s’est conclue non pas sur les notes envoûtantes de Kadhem Saher, mais sur l’épuisement, l’inconfort et la frustration des spectateurs, pris au piège entre passion musicale et expérience éprouvante.