Marine Le Pen critique les propos « très excessifs » d’Emmanuel Macron sur le décès d’un mineur à Nanterre
Un policier a fait usage de son arme mardi matin face à un véhicule refusant de se soumettre aux injonctions des forces de l’ordre, a indiqué une source policière. Nahel, un adolescent de 17 ans, a été tué par le policier. Selon la version des forces de l’ordre, ces derniers sont intervenus vers 8h15, avenue Joliot-Curie à Nanterre. Ils ont affirmé avoir voulu procéder au contrôle d’une Mercedes qui circulait dans une voie de bus mais le conducteur aurait refusé de s’arrêter et se serait retrouvé bloqué dans une impasse. Un policier s’est alors positionné à proximité de son véhicule quand le chauffard a entrepris de reprendre sa course, en fonçant sur l’agent, selon notre source policière. Il a alors tiré sur le chauffard, le blessant au niveau du thorax. En arrêt cardiorespiratoire, la victime âgée de 17 ans n’a pu être réanimée par le Samu.
Une vidéo de l’incident, circulant sur Twitter peu de temps après le drame, présente une version un peu différente: deux policiers contrôlent une voiture jaune. L’un d’entre eux, debout, accoudé sur le pare-brise, tient le conducteur en joue avec son pistolet. Quand le conducteur redémarre, le policier tire à bout portant depuis le côté du véhicule. La voiture finit sa course quelques dizaines de mètres plus loin, encastrée dans un poteau. Selon LeFigaro, le mineur était déjà connu des services de police pour de nombreux refus d’obtempérer et conduite sans permis. Un passager se trouvant à l’arrière de la Mercedes a été interpellé, tandis qu’un autre a pris la fuite et est activement recherché.
La mort de Nahel lors d’un contrôle policier à Nanterre a très vite embrasé la ville des Hauts-de-Seine. Dès la fin de l’après-midi et au fur et à mesure de la soirée, la colère s’est changée en soif de vengeance. Des échauffourées ont éclaté, d’abord dans le quartier du Vieux-Pont, où le long du boulevard National de premières barricades de fortune ont été érigées en hâte, ensuite incendiées par des émeutiers. Puis sont venues les fusées d’artifice.
Exprimant son «émotion» et son «soutien à la mère de la victime», le président des Républicains Éric Ciotti s’est montré toutefois très prudent mercredi matin sur RMC, refusant de faire un «procès médiatique». «La perte de la vie d’un homme est un drame absolu, mais c’est à la justice de faire son travail», a-t-il rappelé.
«Je vois bien qu’à travers cette affaire, certains veulent attaquer globalement la police», a déploré l’élu LR. «Je soutiens la police dans ce travail difficile.» Le Niçois a également déploré les propos de Jean-Luc Mélenchon mardi, qui a estimé que la police devait être «entièrement refondée», et rappelant qu’«aucun policier n’a le droit de tuer». Autant de propos «honteux, scandaleux», a dénoncé Éric Ciotti, regrettant «des amalgames permanents». «Le refus d’obtempérer peut mettre en cause la vie, car la voiture peut être une arme!» a-t-il rappelé sur RMC.
Interrogé par Public Sénat sur la mort de Nahel, 17 ans, lors d’un refus d’obtempérer mardi matin à Nanterre, l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy s’est insurgé contre les propos anti-flics tenus depuis mardi.
«Évidemment, c’est toujours terrible qu’une vie soit perdue, et il faudra bien sûr que la justice fasse toute la lumière, a commencé l’eurodéputé. Mais je suis révolté de voir certains, y compris dans la classe politique, se saisir de cette occasion pour condamner immédiatement les policiers, au point qu’ils voudraient nous faire croire que les policiers de la République rêvent de rentrer chez eux le soir avec le sentiment d’avoir tué un jeune».
Certains joueurs français dont le capitaine Kylian Mbappé, ont tenu à adresser un message de soutien aux proches de Nahel. «J’ai mal à ma France. Une situation inacceptable. Toutes mes pensées vont à la famille et aux proches de Nahel, ce petit ange parti beaucoup trop tôt», a glissé ce mercredi matin le capitaine de l’équipe de France Kylian Mbappé sur son compte Twitter.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a donné mercredi matin un bilan de la nuit d’émeutes émaillées après la mort de Nahel. «Il y a eu hier soir des violences urbaines, très concentrées dans les Hauts-de-Seine, un peu en Île-de-France et un peu en province», a détaillé le ministre. Les forces de l’ordre ont procédé à «31 interpellations» (davantage que les 24 annoncées plus tôt par Laurent Núñez) et 24 policiers blessés.
Emmanuel Macron a «fait part de son émotion» et demandé au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin un point sur les événements au Conseil des ministres, indique le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. À la demande du président, l’exécutif souhaite «une communication par la justice dès lors que la garde à vue [du policier] touchera à son terme» et des réponses données «en toute transparence».
La première ministre Élisabeth Borne a souhaité ce mercredi sur Twitter qu’il y ait une «exigence absolue de vérité» pour que «l’apaisement» l’emporte sur la «colère». Elle a également pu s’entretenir avec le maire de Nanterre Patrick Jarry pour lui dire son «émotion» et sa «détermination à faire toute la lumière sur le drame».
En visite à Marseille, Emmanuel Macron a été interrogé sur le drame de Nanterre lors d’une déambulation. «La justice a été saisie, je souhaite qu’elle fasse son travail avec célérité et dans le calme», a déclaré le président de la République, ajoutant avoir de «l’affection et du respect pour le jeune Nahel et sa famille». Il a souhaité partager des mots «d’affection et de peine partagée à la famille» du jeune homme de 17 ans.
Alliance, l’un des principaux syndicats de police, a jugé mercredi «inconcevable» que le président Emmanuel Macron ait qualifié d’«inexplicable, inexcusable» la mort d’un conducteur de 17 ans, victime du tir d’un policier à Nanterre. «À travers des propos comme: “inexplicable, inexcusable”, contraires à ses déclarations comme quoi il soutient la police, il est inconcevable que le président de la République, comme certains responsables politiques, artistes ou autres bafouent la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice en condamnant nos collègues avant même que celle-ci ne se prononce», a écrit Alliance dans un communiqué.
Devant les sénateurs, la première ministre n’a pas caché sa circonspection au lendemain du décès de Nahel, tué par un policier à Nanterre après un refus d’obtempérer. «Porter l’uniforme, c’est répondre à un devoir d’exemplarité (…) L’intervention n’était manifestement pas conforme aux règles», a cinglé Élisabeth Borne, interpellée par l’élu communiste Pierre Laurent. «Les images donnent à penser que le cadre d’intervention légal n’a pas été respecté», a insisté la première ministre lors des questions au gouvernement au Sénat.
Marine Le Pen a estimé qu’Emmanuel Macron avait eu des propos «très excessifs» et «irresponsables», mardi, après que le président de la République avait jugé «inexplicable» et «inexcusable» la mort de Nahel.
«Est-ce que l’acte est inexcusable? Est-ce qu’il est inexplicable? C’est à la justice de répondre», a fait valoir la candidate malheureuse à la présidentielle, alors qu’Emmanuel Macron avait-lui même demandé à ce «que justice passe». «Le président est prêt à oublier les principes constitutionnels pour tenter d’éteindre un potentiel incendie», a insisté la patronne des députés RN.