Malgré l’arrivée d’une nouvelle directrice à la tête de l’Agence Marchica, les premiers signes laissent entrevoir une continuité troublante avec la gestion précédente de Said Zarrou, qui, durant son mandat, aurait dépensé près de 2600 milliards de centimes sans que des résultats tangibles ne justifient un tel niveau d’investissement.
Dernièrement, l’Agence a annoncé la signature d’un partenariat avec une entreprise néerlandaise en vue de construire des villas et un hôtel quatre étoiles, pour un coût déclaré de 8 milliards de dirhams. Ce qui retient l’attention, c’est le rôle décisif joué par l’un des partenaires de cette société, originaire du Rif, dans la concrétisation de cet investissement étranger dans la région.
Mais cette annonce suscite de vives interrogations chez de nombreux acteurs de la société civile à Nador. En ligne de mire : le coût jugé excessif de l’hôtel, bien supérieur à celui de nombreux établissements de même catégorie à l’échelle internationale, généralement construits pour des montants oscillant entre 50 et 100 millions de dirhams. Cette disproportion soulève des doutes légitimes quant à la transparence des dépenses engagées.
Autre source d’inquiétude : le coût des villas. Alors que la construction d’une villa ne dépasse généralement pas les 1 million de dirhams, l’Agence annonce un budget global de 8 milliards pour l’ensemble du projet, sans détailler précisément la ventilation des montants. Une opacité qui alimente les soupçons de surfacturation ou de détournement partiel des fonds.
Il est important de souligner que le site du projet est déjà viabilisé : routes asphaltées, éclairage public, système d’assainissement réhabilité à grands frais sous la direction de Zarrou. Ce qui ne fait qu’accentuer les soupçons de gonflement artificiel des coûts ou d’utilisation discutable d’une partie du financement.
Derrière ces inquiétudes, une question de fond persiste : qu’est-il advenu des milliards dépensés par l’Agence Marchica au fil des années ? Et surtout, la nouvelle direction saura-t-elle rompre avec les pratiques de gabegie et de clientélisme qui ont longtemps paralysé le projet, ou se contentera-t-elle d’en reproduire les dérives sous une nouvelle bannière ?
Par ailleurs, la transparence de la procédure de partenariat avec l’entreprise néerlandaise est également remise en cause. L’appel d’offres a-t-il été ouvert à la concurrence ? Ou s’agit-il d’un accord conclu à huis clos, au mépris des règles de bonne gouvernance, sur fond de suspicions de favoritisme et de transactions opaques ?
Il est utile de rappeler que la Brigade nationale de la police judiciaire a déjà lancé des enquêtes sur des malversations supposées durant le mandat de Zarrou, notamment autour de sa relation controversée avec un bureau d’études belge, rétribué grassement pour des conceptions architecturales jugées hors de prix.