Le président algérien rappelle aux médias nationaux de se référer exclusivement à son service de communication pour obtenir des informations officielles sur les activités de la présidence. Cette mise en garde survient dans un contexte de renforcement des restrictions envers les journalistes.
Quelques semaines après son élection fin 2019, Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, a réitéré son message avec fermeté envers les médias. Dans un communiqué, il a rappelé que seuls les textes émanant des services de communication officiels de la présidence doivent être considérés comme une source sûre et fiable lorsqu’il s’agit de traiter de l’activité de la présidence de la République.
Selon Jeune Afrique,la présidence explique également avoir dû procéder à ce rappel méthodologique du fait d’un « relâchement » récemment observé. Évoquant les médias privés algériens avides de « scoops et d’exclusivités », elle estime que ceux-ci ont récemment présenté certaines informations comme émanant de sources officielles alors que ce n’était pas le cas.
« La direction générale de la communication, poursuit le communiqué, appelle de nouveau au strict respect des lois de la République et de la déontologie de la profession » et martèle que « le recours à d’autres sources en ce qui concerne l’activité officielle est considéré comme de la propagande et de la fausse information dont l’auteur assurera la responsabilité qui en découle. »
Nouvelle loi restrictive
Cette mise en garde intervient dans un contexte déjà difficile pour les journalistes en Algérie. En mars dernier, l’Assemblée a adopté une nouvelle loi relative à l’information comportant plusieurs dispositions particulièrement restrictives. Le texte encadre plus strictement les conditions d’exercice de la profession et les modalités d’octroi de la carte de presse. Il impose aussi de nouvelles obligations de transparence sur le financement et l’origine du capital des entreprises de médias et prévoit des amendes spécifiques pour les journalistes écrivant pour des médias étrangers, ainsi que pour ceux qui se rendraient coupables d’outrage à l’égard de responsables politiques ou diplomatiques.
Autre illustration de ce tour de vis exercé sur les médias : le cas emblématique d’Ihsane El-Kadi, souligne JeuneAfrique. Ce journaliste et patron de presse, dirigeant d’un groupe indépendant auquel appartiennent notamment Radio M et le site d’information Maghreb Émergent, a été condamné début avril à trois ans de prison ferme. La justice lui reproche d’avoir bénéficié de financements étrangers pour son entreprise. Une peine alourdie en appel au mois de juin à sept ans de prison, dont cinq fermes.