Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a convié son homologue rwandais, Paul Kagame, à Alger dans le cadre d’une visite officielle marquée par la signature de plusieurs accords bilatéraux.
Cependant, un fait marquant a retenu l’attention lors de la conférence conjointe : la tentative manifeste de Tebboune d’instrumentaliser cette rencontre pour insérer de manière inappropriée le dossier du Sahara marocain dans un cadre censé être consacré à la coopération entre les deux pays. Le président algérien a ainsi affirmé avoir discuté de la question du Sahara avec son hôte, déclarant que les deux parties soutenaient le principe d’autodétermination.
Mais ce qui a véritablement interpellé les observateurs, c’est l’intervention du président Kagame qui a suivi immédiatement celle de Tebboune, et dans laquelle il n’a fait aucune référence, ni directe ni implicite, à la question du Sahara. Ce silence diplomatique a été largement interprété comme un désaveu clair de la tentative d’instrumentalisation algérienne, d’autant plus que le Rwanda a retiré, en novembre 2016, sa reconnaissance de la pseudo-« RASD », un geste diplomatique lourd de sens.
Dans ce contexte, Abdelfattah El Fatihi, expert en relations internationales et directeur du Centre Sahara et Afrique d’Études Stratégiques, estime que le président algérien « vend des illusions et des rêves irréalistes, après une série de revers diplomatiques face au Maroc, dont l’initiative d’autonomie recueille désormais un large consensus international comme solution unique et viable au conflit du Sahara ».
Selon El Fatihi, Tebboune tente de masquer l’échec cuisant du projet séparatiste du régime militaire algérien, un projet qui a coûté au pays d’énormes ressources financières et un capital diplomatique considérable, pour des résultats désormais inexistants. Il ajoute que le président algérien redoute les conséquences politiques internes d’un règlement basé sur l’autonomie, qui mettrait à nu les erreurs stratégiques de la junte, et exposerait ses dirigeants au jugement d’un peuple lassé par l’isolement croissant du pays sur la scène régionale et internationale.
L’analyste souligne également que la mise en scène autour de l’accueil du président rwandais coïncide avec la visite récente du ministre britannique des Affaires étrangères, au cours de laquelle le Royaume-Uni a réitéré son appui à l’initiative marocaine d’autonomie comme étant la seule solution sérieuse et crédible au différend.
En outre, El Fatihi rappelle que la prétendue convergence politique entre l’Algérie et le Rwanda est sans fondement, surtout après la visite officielle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Kigali en 2016, suivie de l’ouverture d’une ambassade rwandaise à Rabat, ce qui scelle un rapprochement clair entre les deux pays au détriment de toute thèse séparatiste.
Il conclut en soulignant que l’Algérie, désormais en décalage total avec le consensus international, cherche à s’adosser à un pays, le Rwanda, lui-même sous pression diplomatique pour ses interventions controversées dans les affaires internes de la République démocratique du Congo.