Dans une analyse approfondie consacrée aux équilibres géopolitiques en Afrique du Nord, l’hebdomadaire français Le Point estime que la génération dirigeante en Algérie s’enlise dans une vision dépassée du monde, dont l’immobilisme politique et diplomatique freine le développement du Maghreb et empêche toute dynamique régionale commune.
Selon la revue, l’Algérie se retrouve aujourd’hui diplomatiquement isolée, tandis que le Maroc avance résolument pour consolider sa position de puissance régionale émergente, combinant ouverture économique et fermeté stratégique dans ses relations internationales.
Le Point souligne que le vieil appareil au pouvoir en Algérie, héritier du nationalisme d’après-indépendance, n’a pas saisi la mutation de l’époque actuelle : le monde n’est plus celui des discours révolutionnaires, mais celui de la technologie, de l’innovation et de l’intelligence artificielle, où les slogans d’hier ne suffisent plus à relever les défis contemporains.
“Le temps du Front de libération nationale est révolu ; nous sommes désormais à l’ère de l’intelligence artificielle”, écrit le magazine, en référence à la fracture grandissante entre une jeunesse algérienne connectée au monde numérique et une élite politique vieillissante, enfermée dans les réflexes du passé.
L’article rappelle également que le Hirak de 2019 avait révélé l’aspiration profonde des jeunes à se libérer de la tutelle des “anciens”, mais que la volonté du président Abdelmadjid Tebboune de briguer un troisième mandat, en dépit de la limitation constitutionnelle à deux, traduit une incapacité du régime à tirer les leçons de cette mobilisation historique.
Sur le plan diplomatique, Le Point évoque la récente abstention de l’Algérie lors du vote au Conseil de sécurité sur la résolution soutenant la proposition marocaine concernant le Sahara, y voyant le signe d’une diplomatie “incapable de s’adapter à la nouvelle donne régionale”.
Citant un ancien chef d’État maghrébin, la revue rapporte : “C’est la rigidité du régime algérien qui paralyse toute la région.”
Ce blocage, poursuit la publication, empêche la mise en place de véritables partenariats économiques maghrébins, tandis que le Maroc multiplie les alliances stratégiques avec l’Europe, l’Afrique et l’Espagne, son ancienne puissance coloniale.
En outre, Le Point estime que la différence d’approche entre Rabat et Alger vis-à-vis de l’héritage colonial explique la divergence croissante de leurs trajectoires : le Maroc a choisi l’ouverture, la coopération et l’intégration régionale, alors que l’Algérie demeure enfermée dans un discours de confrontation et d’isolement, perdant ainsi une grande partie de son influence sur la scène internationale — au détriment d’une jeunesse en quête d’avenir et de modernité.






