Hamid El Mahdaoui, directeur de publication du site d’information « Badil Info », a annoncé lundi 26 mai avoir été visé par deux nouvelles plaintes déposées à son encontre par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi. L’annonce a été faite via une publication sur son compte Facebook.
« Je viens tout juste de sortir du commissariat. Deux nouvelles plaintes de la part du ministre Ouahbi », a-t-il écrit, laissant entendre que ce dépôt coïncide délibérément avec la tenue de son audience devant la Cour d’appel de Rabat, dans le cadre d’un dossier précédent intenté par le même ministre.
Dans cette affaire, El Mahdaoui a été condamné en première instance à un an et demi de prison ferme et à une amende de 1,5 million de dirhams. Il voit dans cette coïncidence une tentative manifeste de pression sur la justice : « Imaginez le timing soigneusement choisi par Monsieur le ministre pour influencer le juge Saâdaoui et les conseillers qui siègent avec lui. Une heure avant ma comparution finale dans une affaire lourde… », a-t-il commenté.
Il poursuit : « J’ai reçu les deux nouvelles plaintes aujourd’hui à midi. Cela s’ajoute à la décision rendue le 17 avril par le comité désigné par le chef du gouvernement, qui m’a retiré ma carte de presse pour un an, en raison de l’expression ‘selgout’ que j’ai utilisée. Je n’ai été notifié de cette décision que le 19 mai. Une deuxième procédure a été entamée pour empêcher le renouvellement de ma carte de presse. »
El Mahdaoui évoque également un jugement rendu le 21 mai par le tribunal administratif, qui a validé la décision gouvernementale sans examiner les nouveaux documents qu’il avait présentés contre le comité. « Pendant ce temps, le juge Saâdaoui et ses collègues sont témoins de cette avalanche de procédures et de plaintes, tandis que des pages et sites douteux orchestrent une campagne féroce contre moi », dénonce-t-il.
Par ailleurs, la police judiciaire de Rabat a adressé, ce même lundi 26 mai, une convocation officielle à Hamid El Mahdaoui, l’invitant à se présenter au siège de la brigade chargée de la criminalité liée aux technologies modernes, « dans le cadre d’une enquête en cours ordonnée par le parquet ».
Dans le document consulté par « belpressefr », la convocation stipule, conformément au Code de procédure pénale, que le journaliste est tenu de se présenter muni de sa carte d’identité nationale ou de tout document officiel d’identification.
El Mahdaoui a publié ladite convocation sur son compte Facebook, accompagnée du commentaire suivant : « En route vers la police, avant d’affronter le ministre au tribunal dans deux heures. »
En outre, El Mahdaoui comparaît aujourd’hui devant la Cour d’appel de Rabat dans ce qu’il qualifie de séance « décisive », susceptible de voir le prononcé du jugement dans l’affaire qui l’oppose à Abdellatif Ouahbi.