Le Maroc a demandé devant l’Assemblée générale de l’ONU que l’Afrique soit représentée au sein du futur Conseil de sécurité de l’ONU par 2 sièges permanents et 3 autres sièges non permanents. Cette demande vient renforcer une exigence des pays africains qui s’estiment lésés.
La réforme du Conseil de sécurité pour une meilleure inclusion et une meilleure représentation de la réalité du monde d’aujourd’hui est une chose nécessaire. Voir l’Afrique faire partie du Conseil de sécurité avec au moins 2 sièges permanents n’est ni illusoire ni une demande fantaisiste, c’est légitime.
Comment 5 pays, dont 2 situés sur le continent européen, 2 en Asie et un représentant du continent américain, peuvent-ils représenter tout le monde sans que l’Afrique n’y siège en tant que continent à part entière ?
La Russie, la Chine, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ne peuvent plus se substituer à l’Afrique indépendante, deuxième population mondiale, deuxième continent du monde après l’Asie, qui dispose de 2 sièges, 3 fois plus que l’Europe qui dispose également de 2 sièges.
C’est dans cette perspective que le Maroc milite pour que l’Afrique ait, à l’instar des autres continents, 2 sièges permanents afin de créer un juste équilibre. Jeudi, à l’Assemblée générale de l’ONU, le royaume a appelé à ce que la réforme du Conseil de sécurité se fasse dans ce sens, soulignant que les deux sièges devraient avoir un droit de veto, comme les autres membres.
Cette demande d’accorder des sièges permanents à l’Afrique n’est pas nouvelle, mais elle n’est pas homogène. Certains pays africains demandent « au moins un siège » et d’autres précisent qu’il doit revenir à l’Union africaine.
Mais la démarche du Maroc n’est pas une demande au rabais puisqu’il revendique une place égale à celle des autres continents avec 2 sièges permanents et 3 non permanents en Afrique. Le Royaume a également demandé l’attribution d’un siège permanent à la Ligue arabe.
C’est également la même demande qui a été validée par les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en décembre dernier, lorsqu’ils ont adopté une résolution appelant à l’attribution de deux sièges permanents à l’Afrique.
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, s’est également positionné en faveur de cette cause dans le cadre de la réforme de l’organe exécutif des Nations Unies.
« Je suis profondément convaincu qu’il s’agit de la plus grande injustice qui existe aujourd’hui au sein du Conseil de sécurité » a-t-il déclaré. « Lorsque le Conseil de sécurité a été formé, il y avait très peu de pays africains indépendants. Nous avons donc aujourd’hui un Conseil de sécurité qui correspond à une réalité qui n’est plus celle du monde d’aujourd’hui », a rappelé le Secrétaire général.
Plus récemment, en février, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a réitéré cette affirmation lors de l’ouverture du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba.
Il a estimé qu’aujourd’hui, contrairement à 1945, l’Afrique est au centre des grands enjeux actuels du monde, tels que « la préservation de l’environnement, la déforestation et les investissements massifs dans la production d’énergie propre à partir de sources hydroélectriques », en optant pour un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le président sénégalais, Macky Sall, en septembre, en tant que président de l’Union africaine, avait demandé à l’Assemblée générale de l’ONU une réforme du Conseil de sécurité pour une meilleure représentation de l’Afrique.
Courant mars, ce sera au tour du président gabonais, Ali Bongo, d’animer une réunion à Libreville autour de la question de la réforme du Conseil de sécurité et de la représentation des pays africains.