Le chef de la diplomatie égyptienne en visite à Rabat pour amorcer une nouvelle ère de coopération économique
La visite du ministre égyptien des Affaires étrangères, Dr Badr Abdel Aaty, ce mercredi 28 mai 2025 à Rabat, marque une volonté partagée entre Le Caire et Rabat d’ouvrir un nouveau chapitre dans leurs relations bilatérales, fondé sur une coordination politique renforcée et un rapprochement économique ambitieux, dans un contexte régional exigeant des partenariats plus agiles et efficaces.
Cette initiative diplomatique s’inscrit dans le prolongement de plusieurs semaines de consultations intensives et de rencontres sectorielles entre responsables des deux pays. Certaines de ces rencontres ont débouché sur des accords visant à encourager l’investissement mutuel et à lever certaines restrictions douanières. Cette dynamique positive fait suite au règlement d’une « crise commerciale » survenue début 2024, alimentée par des déséquilibres dans la balance des échanges et des mesures protectionnistes réciproques. Le compromis trouvé a permis de relancer la circulation des marchandises et d’instaurer une logique de partenariat fondée sur le principe du « gagnant-gagnant ».
Sur le plan économique, les deux capitales entendent capitaliser sur leurs atouts respectifs : le Maroc en tant que porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest, avec un tissu industriel performant dans les secteurs de l’automobile et des énergies propres ; l’Égypte, forte de son poids démographique, de son vaste marché intérieur, de son expertise en infrastructures et de sa solide industrie pétrochimique. Plusieurs projets conjoints seront ainsi discutés, notamment dans les domaines de l’industrie de transformation, de la connectivité maritime et logistique, ainsi que dans la création de chaînes d’approvisionnement régionales, dans une optique de résilience et d’autonomie vis-à-vis des fournisseurs extérieurs à l’espace méditerranéen.
Sur le plan diplomatique, cette visite offre également l’opportunité de lancer un mécanisme de dialogue stratégique régulier, destiné à harmoniser les positions des deux pays sur des dossiers régionaux sensibles tels que la Libye, le Sahel ou encore la réforme institutionnelle de l’Union africaine. Leur appartenance commune à l’Accord d’Agadir constitue en outre un levier pour consolider une action arabe euro-méditerranéenne concertée. Le calendrier de cette visite, qui intervient après la tournée du ministre égyptien en Europe puis en Afrique, traduit la reconnaissance par Le Caire du rôle pivot de Rabat dans le dialogue entre les rives nord et sud de la Méditerranée.
Ce rapprochement s’inscrit dans la vision marocaine du partenariat Sud-Sud, fondée sur le partage d’expertise et le transfert technologique à l’échelle continentale et arabe. Une vision à laquelle l’Égypte semble désormais adhérer, à travers une stratégie tournée vers la diversification de ses alliances au-delà des cadres traditionnels. Ce socle commun ouvre la voie à des partenariats triangulaires avec des acteurs internationaux et des institutions financières majeures.
Le Maroc et l’Égypte devraient ainsi définir une feuille de route concrète assortie d’échéances claires et d’un mécanisme de suivi rigoureux pour garantir la mise en œuvre des accords et la résolution transparente de tout différend éventuel. Si cette dynamique est consolidée, elle pourrait faire émerger un partenariat stratégique solide, au service de la stabilité régionale et du développement durable en Afrique du Nord et au-delà.