L’Algérie se félicite de sa prétendue victoire au Conseil de sécurité de l’ONU malgré l’absence de concurrence réelle
L’Algérie se félicite de sa prétendue victoire au Conseil de sécurité de l’ONU malgré le manque de véritable concurrence. La présidence algérienne qualifie cette élection de « succès diplomatique » pour le président Abdelmadjid Tebboune, affirmant qu’elle témoigne de la reconnaissance et de l’estime dont il jouit au sein de la communauté internationale. Cette situation soulève des interrogations sur le déroulement de l’élection et souligne l’ironie d’un tel résultat dans le « pays du monde à l’envers ».
L’Algérie a été élue, le mardi 6 juin, pour siéger au Conseil de sécurité de l’ONU comme membre non permanent pour la période allant du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2025. C’est la quatrième fois de son histoire (1968-1969, 1988-1989 et 2004-2005) que le pays devient membre non permanent du Conseil de sécurité. Mais, cette fois-ci, à en juger par le communiqué tonitruant de la présidence algérienne, on a l’impression qu’elle a remporté le Graal, réalisé un exploit ou battu un adversaire de poids, alors qu’il n’y avait aucun concurrent en face.
«En reconnaissance à son rôle pivot dans sa région, l’Algérie a été élue, au premier tour, avec une écrasante majorité des voix, par l’Assemblée générale des Nations unies, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, pour un mandat de deux ans à compter du 1er janvier 2024, à l’issue d’un vote à bulletin secret des 193 États membres de l’ONU», tonne le communiqué kilométrique diffusé par la Mouradia.
Le communiqué de la présidence algérienne fait état d’une élection au premier tour avec une majorité écrasante des voix, laissant entendre que l’Algérie a remporté une victoire éclatante sur ses adversaires. Cependant, il convient de noter que seul un autre pays africain, la Sierra Leone, était en lice pour le deuxième siège réservé à l’Afrique. La Sierra Leone a été élue avec un meilleur score que l’Algérie, obtenant 188 voix sur 193. Cette prétendue victoire de l’Algérie est attribuée à l’aura internationale présumée du président Tebboune, comme le précise le communiqué de la présidence. Il affirme que cette élection témoigne de la considération et de l’estime dont jouit le président Tebboune de la part de la communauté internationale, ainsi que de sa contribution à la paix et à la sécurité internationales.
En effet, précise le communiqué de la Mouradia, la «politique étrangère bénéficie aujourd’hui d’un cap et d’une vision qu’elle doit au président Abdelmadjid Tebboune. Le chef de l’État l’a également dotée d’un projet global et cohérent qui s’attache indissolublement à la défense des intérêts nationaux sous toutes leurs formes et en toutes circonstances». Il faut rappeler que pour théâtraliser son entrée au Conseil de sécurité pour les deux prochaines années, Alger a envoyé son ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf séjourner pendant plusieurs jours à New York, en vue de faire semblant de mener une campagne acharnée pour la candidature de son pays, alors qu’il est déjà assuré de l’entérinement de son entrée comme figurant au Conseil de sécurité.
Il reste à voir comment l’Algérie se positionnera lors de l’examen du dossier du Sahara par le Conseil de sécurité. Il est possible qu’elle se serve de son faux statut d’«observateur» dans le conflit du Sahara pour participer de manière négative et minoritaire au vote annuel des résolutions du Conseil de sécurité.
Le communiqué d’autosatisfaction de la présidence algérienne est à appréhender sous un angle clinique. Il nous dit à quel point Tebboune est orphelin de succès, lui qui a essuyé des jets d’œufs dans les rues de Lisbonne et qui n’arrive à concrétiser aucune de ses visites d’État annoncées, que ce soit à Paris ou à Moscou. Alors s’autocongratuler avec un communiqué-fleuve est tout ce qui lui reste quand les gifles pleuvent de toutes parts.