Des dizaines de milliers de manifestants ont envahi dimanche soir les rues de Tel-Aviv afin d’exiger du gouvernement israélien la fin de la guerre à Gaza et la conclusion d’un accord pour le retour des otages – une revendication rejetée par le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivaient dans la bande de Gaza, où la défense civile a fait état de 18 Palestiniens tués.
Rassemblés dans la grande place devenue, depuis plus de vingt-deux mois, le centre névralgique des protestations menées par les familles des otages détenus depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, les manifestants ont scandé « Rendez-les tous » et « Arrêtez la guerre ». Le Forum des familles d’otages, organisateur du mouvement, a estimé à près de 500 000 le nombre de participants à la marche de Tel-Aviv, où l’on pouvait voir flotter des drapeaux israéliens et des bannières jaunes, ainsi que des portraits des captifs.
« Nous exigeons un accord global, réalisable, et surtout la fin de la guerre. Nous voulons ce qui nous revient de droit : nos enfants », a lancé Einav Zangauker, mère de l’otage Matan Zangauker, devant la foule. Elle a accusé le gouvernement de n’avoir jamais proposé d’initiative sérieuse pour un règlement global, estimant qu’il avait transformé « la guerre la plus juste en une guerre inutile ».
Sur les 251 otages enlevés en 2023, 49 demeurent à Gaza, dont 27 seraient morts, selon l’armée israélienne. Les manifestations de dimanche ont été précédées de blocages de routes et de heurts avec la police, largement déployée pour contenir la mobilisation.
À Jérusalem, en revanche, la situation restait relativement calme. Netanyahou a affirmé que réclamer la fin de la guerre revenait à « renforcer le Hamas », mouvement qu’il promet d’« anéantir ». « Ceux qui appellent aujourd’hui à mettre fin au conflit sans détruire le Hamas ne font pas que retarder la libération de nos otages : ils garantissent que les tragédies du 7 octobre se reproduiront », a-t-il déclaré en conseil des ministres.
Ces manifestations interviennent après la validation par le cabinet sécuritaire de projets de prise de contrôle de la ville de Gaza, alors que l’ONU alerte sur une situation humanitaire proche de la famine. Le chef d’état-major, Eyal Zamir, a confirmé dimanche le redéploiement de l’effort militaire sur la ville de Gaza, qualifiée par Israël de dernier bastion stratégique du Hamas. « Nous poursuivrons notre offensive jusqu’à l’élimination du Hamas », a-t-il affirmé lors d’une visite sur le terrain.
De son côté, le Hamas a dénoncé dans un communiqué des plans équivalant à « une nouvelle vague de massacres et de déplacements massifs », accusant Israël de « crimes de guerre » facilités par le soutien politique et militaire américain.
Ces annonces ont exacerbé l’inquiétude des familles d’otages quant au sort de leurs proches. « Il faut arrêter cette chute vertigineuse vers l’abîme », a déclaré Nira Sharabi, veuve d’un otage décédé dont le corps est toujours retenu à Gaza.
Le climat est également attisé par la diffusion de vidéos de captifs émaciés, relayées par le Hamas et le Jihad islamique, qui ont renforcé la pression populaire pour un accord rapide.
Le président Isaac Herzog a lui-même rejoint une manifestation à Tel-Aviv, appelant à une intensification de la pression internationale sur le Hamas afin d’accélérer la libération des otages.
La mobilisation a toutefois suscité de vives critiques au sein de la droite radicale israélienne. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a qualifié les rassemblements de « campagne nuisible qui sert le Hamas », tandis que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a estimé que la grève « renforce le Hamas et rend improbable le retour des otages ».
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a dénoncé ces propos : « N’avez-vous donc aucune honte ? Personne n’a davantage renforcé le Hamas que vous-mêmes », a-t-il lancé aux deux ministres.
Depuis le début de la guerre, l’attaque du Hamas en 2023 a coûté la vie à 1 219 personnes en Israël, en majorité des civils, tandis que les frappes et opérations militaires israéliennes ont fait au moins 61 897 morts dans la bande de Gaza, dont une majorité de civils, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, des chiffres jugés fiables par l’ONU.