Il serait temps pour les partis politiques de sortir de leur enclave grise face aux attaques d’Aziz Akhannouch
Il s’avère que suite au rapport du Wali de Bank AL Maghreb, à la déclaration de Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au HPC et la lettre ouverte du secrétaire général du Parti pour le progrès et le socialisme (PPS), sur les conséquences et l’impact de l’inflation et la hausse du cout de la vie au Maroc, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch s’est trouvé seul et pointé du doigt par différentes parties dont certaines invisibles comme s’il était le seul responsable de cette inflation et non pas le groupe gouvernemental ou les gouvernements qui l’ont précédé.
Or, partant du principe de l’engagement et de l’objectivité, on doit reconnaitre ce que le gouvernement d’Akhannouch a pu réaliser comme projets, en 17 mois, dont en particulier celui de l’édification de l’État social, l’amélioration des conditions d’investissement et l’évaluation du soutien financier direct pour plusieurs institutions et organisations. Cependant, le problème majeur du gouvernement d’Akhannouch réside dans sa faiblesse au niveau de la communication voire même dans cette incapacité de pouvoir défendre ses réalisations et leur promotion par des moyens modernes et convaincants surtout en période de crise.
Dès lors, cette faiblesse de la communication qui caractérise si bien le chef du gouvernement que plusieurs de ses ministres, ne fait que leur compliquer la tâche surtout que certains d’entre eux, sinon la plupart, ne sont pas conscients de l’importance de la communication institutionnelle dans la vie d’un gouvernement et ne disposent désormais d’aucune compétence professionnelle ou un cumul d’expériences dans tout ce qui est gestion et communication.
On peut donc dire que les ministres du présent gouvernement sont loin de comprendre que la relation entre la politique et la communication est dialectique et qu’il ne peut y avoir une politique sans communication et vice versa puisque toutes les deux opèrent dans le même espace. De ce fait, il ne faut pas considérer tout bavardage ou papotage en politique comme une communication politique puisque cette dernière est en réalité une section contextuelle des sciences politiques et par là un champ cognitif ayant ses mécanismes, ses théories et ses techniques.
Et le pire, c’est que la plupart de ces ministres sont entourés par des consultants au média qui au lieu de travailler sur l’image de l’institution ou la satisfaction de l’opinion publique, ils se focalisent sur la personnalité du ministre pour lui faire plaisir et bénéficier de sa bénédiction.
Il s’en suit que face à toutes ces attaques contre le chef gouvernement, Akhannouch s’est trouvé seul, affrontant ces vagues de critiques sévères et parfois blessantes sans qu’aucun des ministres ne prenne sa défense et mette en valeur les différents projets réalisés. Une absence au sein du RNI lui-même, des alliés au sein du gouvernement tels que l’Istiqlal et le parti de l’authenticité et de la modernité, à l’exception de quelques ministres et c’est ce que nous allons détailler avec soin, vu son importance.
La faiblesse de la communication du parti du RNI est due au fait que tous les ministres sont technocrates plus que politiciens
Depuis sa création, le RNI est resté prisonnier d’une conception classique qui semble parier sur le technocrate plus que le politicien. Un pari doté de plusieurs dangers et plus spécifiquement ceux liés à la communication et à la défense du parti et son secrétaire général en période de crise. Ainsi, à l’exception du jeune ministre Mostapha Baitess, Rachid Talbi Alami, Mohamed Oujar, le machiavélique et le pragmatique, seuls membres du parti ayant des compétences en communication et sont capables de produire des discours politiques et les véhiculer, quoique leur nomination à des postes ministériels n’a pas été avalée par plusieurs, le reste des ministres du RNI sont des technocrates n’ayant ni capacité de communiquer sur la gestion des crises ni un aval en politique.
Et c’est d’ailleurs ce qui explique la faiblesse du RNI selon plusieurs chercheurs ainsi que la domination de technocrates sans aucune immunité ou résistance contre les courants et tourments politiques qui soulèvent le parti et son secrétaire général. C’est enfin la situation d’Akhannouch aujourd’hui, tel un combattant abandonné sur un champ de bataille et livré à lui-même et à l’ennemi, seul contre tous dans l’absence de ministres indépendantistes politiciens en mesure de défendre les projets du gouvernement et par conséquence le secrétaire général du parti.
Le PAM a préféré le silence et l’anticipation au lieu de se mettre du côté d’Akhannouch, craignant un cout électoral
Plusieurs analystes des affaires du gouvernement ont noté le silence du PAM face aux critiques et attaques contre Akhannouch et son gouvernement. Ainsi et à l’exception de quelques sorties du ministre El Mahdi Ben Said, le reste des ministres du parti et même le secrétaire général ont préféré garder le silence et l’anticipation tout en continuant à suivre les réactions des citoyens et leur montée contre Akhannouch. A noter aussi que le PAM, dont la composition tend vers la gauche, ne veut en aucun cas jouer avec ses cartes dans une telle conjoncture et c’est une raison qui le pousse à ne pas s’aventurer et se préparer pour les prochaines élections.
L’Istiqlal ne veut pas prendre des risques en se mettant du côté d’Akhannouch dans de telles conditions
Quant à l’Istiqlal, il a suivi la même voie que celle du PAM tout en prenant une défense timide au nom de son secrétaire général sans toutefois courir aucun risque et subir les conséquences graves de sa position, surtout dans une situation sociale et économique critique.
Dès lors et compte tenu de tous ces facteurs, il n’est pas étrange de voir un parti qui est sorti de l’emprise du mouvement populaire, liée à son militantisme pour faire entendre la voix du peuple, en plus de ses ministres, tous technocrates, faisant partie du gouvernement d’Akhannouch, à l’exception de Nizar Braraka, le seul politicien capable de maitriser un discours politique, de se trouver dans une incompétence en matière de communication.
Ainsi et depuis le lancement de ces manifestations contre la hausse des prix, tout le monde a remarqué cette incapacité des trois partis constituants de la majorité du gouvernement d’Akhannouch, alignés tous sur la même voie et adoptant tous la même position avec toutefois une lecture respective restreinte tant au niveau tactique, pragmatique et politique.
Enfin certes, il existe au sein du RNI des ministres qui veulent bien défendre Aziz Akhannouch, mais ils manquent de compétence politique et de confiance dans le discours politique ainsi que l’art de communiquer sur les périodes de crise. Ce qui va aussi pour les relations entre le gouvernement et les citoyens. Ce manque de communication ne fait qu’aggraver la situation et falsifier la réalité pour conduire à une accusation directe de la personne au lieu d‘une analyse approfondie de tout un programme d’un gouvernement élu pour établir des politiques censées sortir le pays de l’impasse dans de telles conditions.