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« Human Rights Watch » appelle les autorités marocaines à mettre fin à la répression des journalistes et des activistes

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L’organisation « Human Rights Watch » a demandé aux autorités marocaines de mettre fin immédiatement à ce qu’elle décrit comme une « répression croissante à l’encontre des activistes, des journalistes et des défenseurs des droits humains simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression », appelant à annuler leurs condamnations.

Dans un communiqué publié ce jeudi 27 mars 2025, l’organisation a indiqué qu’ »au cours des dernières années, les autorités marocaines ont intensifié leurs tactiques répressives contre des dizaines de journalistes et de militants des réseaux sociaux », soulignant qu’ils ont été condamnés pour diffamation, diffusion de « fausses informations », « insultes » ou « outrages » à des responsables locaux, des entités gouvernementales ou des chefs d’État étrangers, ainsi que pour atteinte à la sécurité de l’État ou à la monarchie.

À cet égard, l’organisation a rappelé la décision rendue par le tribunal de première instance de Casablanca le 3 mars 2025 à l’encontre du défenseur des droits humains reconnu, Fouad Abdelmoumni, qui a été condamné à six mois de prison et une amende de 2 000 dirhams en raison d’une publication sur « Facebook ».

La directrice par intérim pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord chez Human Rights Watch, Balqis Jaraah, a déclaré que « l’arrestation d’un autre activiste marocain et sa condamnation à une peine de prison simplement pour avoir exprimé son opinion sur les relations entre le Maroc et un autre pays montre l’ampleur de cette répression de la liberté d’expression », appelant à la libération de tous les détenus emprisonnés pour avoir exprimé pacifiquement leur opinion.

Les autorités marocaines ont arrêté Abdelmoumni le 30 octobre 2024 à Temara, près de Rabat. Human Rights Watch a précisé que le procureur général du tribunal de première instance de Casablanca l’avait accusé le 1er novembre de « l’insulte d’une organisation, de diffusion de fausses allégations et de signalement d’un crime imaginaire qu’il savait ne pas s’être produit ».

L’organisation a souligné que ces accusations concernaient une publication sur Facebook du 28 octobre, dans laquelle Abdelmoumni critiquait les relations maroco-françaises et affirmait que « le gouvernement utilise des logiciels espions pour cibler les opposants ». Elle a ajouté que Abdelmoumni avait été libéré sous caution le 1er novembre.

Le 31 octobre, le procureur général de Casablanca a déclaré que les allégations concernant l’implication des autorités marocaines dans « le trafic d’êtres humains, l’organisation de l’immigration illégale et l’espionnage via le logiciel Pegasus » étaient sans fondement et manquaient de preuves.

Dans ce contexte, une pétition signée par près de 300 activistes et défenseurs des droits humains a appelé les autorités marocaines à annuler la condamnation d’Abdelmoumni, à « annuler sa sentence et à libérer tous les prisonniers d’opinion au Maroc et dans le reste du Maghreb ».

Le même communiqué a mentionné qu’en 2019, Abdelmoumni avait découvert que son téléphone était infecté par le logiciel espion Pegasus, développé et commercialisé par la société israélienne NSO Group. Ce logiciel permet d’accéder à la caméra, au microphone, aux appels téléphoniques, aux photos, vidéos, fichiers audio, e-mails, messages texte, et à d’autres fonctionnalités du téléphone, permettant ainsi une surveillance totale de la personne ciblée et de ses contacts.

En décembre 2020, Abdelmoumni et d’autres victimes de logiciels espions ont déposé une plainte auprès de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel, mais l’organisme n’a pris aucune mesure, affirmant qu’il n’avait pas compétence pour traiter de telles questions.

D’autre part, les autorités marocaines ont à plusieurs reprises nié l’utilisation du logiciel Pegasus pour espionner les opposants.

Dans un autre dossier, l’organisation internationale a rapporté que la « Brigade nationale de la police judiciaire » a arrêté le 1er mars 2025 quatre membres de la famille du youtubeur marocain résidant au Canada, Hicham Gherando, qu’elle considère comme une « réaction vengeresse » à ses vidéos audacieuses sur la plateforme YouTube, dénonçant la corruption présumée de personnalités publiques et de hauts responsables marocains. Ils ont été accusés de « complicité dans la diffusion de fausses allégations et faits dans le but d’atteindre la vie privée et de diffamer des personnes » et d’avoir participé à des menaces présumées.

De plus, « le militant Ismail El Ghzaoui a été convoqué pour interrogatoire en novembre 2024 suite à ses appels à manifester contre le transfert d’armements américains vers Israël, et a été accusé d’incitation à commettre des crimes », précise l’organisation, soulignant qu’il a été condamné à un an de prison et à une amende de 5 000 dirhams le 10 décembre 2024. Cependant, la cour d’appel a réduit la peine le 5 février 2025 à quatre mois, dont deux avec sursis, et a ordonné sa libération.

Le communiqué a également rapporté que le 11 novembre 2024, le tribunal de première instance de Rabat a condamné le journaliste Hamid El Mahdaoui, directeur de publication du site « Badil », à 18 mois de prison et à une amende de 1,5 million de dirhams pour « diffusion de fausses informations dans le but de diffamer des personnes, calomnier et insulter publiquement », après une plainte déposée par le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi.

Dans ce contexte, Human Rights Watch a appelé le parlement marocain à annuler toutes les lois criminalisant les actes d’expression pacifique, « y compris l’insulte aux fonctionnaires publics et aux institutions de l’État, qui peuvent être punis par la prison en vertu du code pénal ».

La Constitution du Royaume du Maroc garantit la protection de la vie privée, de la pensée, de l’opinion et de l’expression, et le Maroc est également signataire du « Pacte international relatif aux droits civils et politiques », qui garantit le droit à la liberté d’expression et à la vie privée.

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