France: l’exécutif anticipe un essoufflement du mouvement et propose aux syndicats «d’échanger» après la décision du Conseil constitutionnel
Ce jeudi 13 avril, les syndicats appellent de nouveau les Français opposés à la réforme des retraites à se mobiliser. Pour la douzième fois depuis mi-janvier, des manifestations auront lieu dans de nombreuses villes de l’Hexagone, et des grèves vont perturber l’activité dans plusieurs secteurs.
À la veille de la douzième journée nationale d’actions contre la réforme des retraites, l’exécutif ne s’attend pas à une forte mobilisation jeudi, même si la colère sera encore au rendez-vous. Les services de renseignements prévoient entre 400.000 et 600.000 manifestants dans le cadre de 270 actions à travers le pays. Pour tenter de contenir les casseurs, le ministère de l’Intérieur va une fois encore sortir les muscles.
Selon LeFigaro, Beauvau va déployer un dispositif composé de 11.500 policiers et gendarmes, dont 4.200 dans la capitale. Soit exactement le même que lors de la onzième journée de colère qui avait réuni, selon le ministère de l’Intérieur, 570.000 manifestants dans les rues de France, dont 57.000 à Paris. «Les raisons de cette baisse de régime sont multiples, à commencer par un recul du taux de grévistes, des vacances scolaires qui concernent déjà une partie des employés et des fonctionnaires, dont les enseignants, note un analyste de la police. Par ailleurs, ceux qui ont débrayé ont vu leur fiche de paie amputée tandis que les caisses de solidarité ne suffisent plus à renflouer les pertes de pouvoir d’achat…»
Les activistes, qui rêvent encore du «grand soir» et des fins de journées noyées sous le lacrymogène, seront jeudi à Nantes, où est attendu un «bloc» de 350 éléments déterminés dont environ 150 issus de l’«ultragauche». Entre 300 et 400 casseurs pourraient en outre passer à l’action à Brest, Dijon ou encore Rennes. Le soulèvement de la jeunesse, que redoutent tant les autorités, ne semble pas non plus à l’ordre du jour. Seuls 175 lycées avaient été ciblés par des tentatives de blocages ponctuels le 6 avril dernier, tandis qu’une quinzaine d’actions sporadiques ont été répertoriées dans les universités.
À Paris, le défilé prévu entre le quartier de l’Opéra et la place de la Bastille pourrait compter entre 40.000 et 70.000 personnes selon les analystes de la police. Ces derniers estiment qu’entre 500 et un millier de gilets jaunes radicaux et de militants d’ultragauche risquent de se greffer au mouvement pour tenter de semer le désordre. Si la colère s’est apaisée contre les permanences de parlementaires soutenant la réforme – seuls deux rassemblements recensés le 6 avril, contre 114 actes de vandalisme le 28 mars -, un avis de bourrasque est annoncé dès vendredi soir, après la décision très attendue du conseil constitutionnel. Des mots d’ordre de rassemblement ont déjà été lancés autour de son siège, dans le quartier du Palais-Royal à Paris mais aussi devant plusieurs préfectures. «Si la mobilisation marque le pas, les plus énervés vont rester», grimace un fonctionnaire de haut rang. À l’instar de ses collègues de la place Beauvau, il ne se risque à aucun pronostic sur la forme que pourrait prendre la fronde d’ici le traditionnel défilé du 1er prochain.
«Le pays doit continuer d’avancer», a déclaré le président lors d’une conférence de presse à Amsterdam.
«Esprit de concorde» : Emmanuel Macron a voulu se projeter mercredi au-delà des décisions très attendues du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, attendues vendredi, en promettant aux syndicats un «échange qui permettra d’engager la suite et de tenir compte» du verdict des Sages. «Le pays doit continuer d’avancer», a affirmé le chef de l’État lors d’une conférence de presse à Amsterdam (Pays-Bas).
«J’engagerai, pour tout ce qui les concerne, les partenaires sociaux à pouvoir revenir – je sais que la période gardera encore les traces des désaccords du moment – mais je le ferai avec l’esprit de concorde et la volonté d’engager la suite, quelle que soit la décision» des Sages, a-t-il poursuivi.
Pour l’heure, tous les projecteurs demeurent braqués sur la discrète institution de la rue de Montpensier à Paris, qui doit mettre fin au suspense vendredi «en fin de journée», au lendemain d’une douzième journée de mobilisation. Va-t-elle censurer la réforme ? Seulement une partie ? Et donnera-t-elle son feu vert à la procédure d’un référendum d’initiative partagée (RIP), chère à la gauche?