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Fitch : L’économie marocaine freinée par les droits de douane américains

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Un rapport récent de Fitch Solutions, filiale du groupe Fitch, a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie marocaine en 2025, les ramenant de 4,8 % à 4,3 %. Cette révision s’explique principalement par les répercussions des droits de douane américains, susceptibles de freiner la dynamique de la croissance mondiale.

Selon ce rapport, ce ralentissement pèserait sur la demande extérieure adressée aux exportations marocaines, en particulier de la part de l’Union européenne, premier partenaire commercial du Royaume.

En 2023, l’Europe représentait à elle seule 69,2 % des exportations marocaines, tandis que les États-Unis n’en absorbaient que 3 %. Ce déséquilibre accentue l’effet indirect des mesures américaines à travers le canal européen.

Fitch souligne que les exportations marocaines vers l’Europe sont largement concentrées dans des secteurs cycliques – notamment l’automobile et les câblages électriques – les rendant particulièrement vulnérables à un essoufflement de l’activité économique sur le Vieux Continent.

Ainsi, la croissance des exportations réelles du Maroc devrait fortement ralentir, passant de 6,1 % en 2024 à seulement 2,9 % en 2025, son plus bas niveau depuis 2020. Toutefois, Fitch anticipe un maintien d’un rythme de croissance relativement robuste du PIB, porté par une demande intérieure vigoureuse, une légère reprise agricole, et la poursuite des investissements.

Le rapport met également en avant plusieurs facteurs d’amortissement : la baisse attendue des prix du pétrole et la diminution des importations alimentaires, liée à une meilleure campagne agricole, devraient atténuer les effets de la contre-performance des exportations. Ces éléments, conjugués à l’appui du FMI et à la stabilité du dirham, contribueront à contenir les pressions extérieures sur l’économie marocaine en 2025.

Dans cette optique, Fitch prévoit une réduction du déficit du compte courant, qui passerait de 1,2 % du PIB en 2024 à 0,8 % en 2025, grâce à la baisse de la facture des importations, notamment en énergie et produits alimentaires. Le secteur touristique, en plein essor, devrait continuer à doper la balance des services, renforçant ainsi la position extérieure du pays.

Autre signal de confiance : en avril 2025, le Fonds monétaire international a approuvé une nouvelle ligne de crédit flexible de 4,5 milliards de dollars en faveur du Maroc. Ce soutien manifeste confirme la crédibilité des politiques économiques du Royaume et rassure les investisseurs quant à sa capacité à absorber d’éventuels chocs exogènes.

Sur le front monétaire, Fitch anticipe une baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib à 1,75 % d’ici la fin 2025, en phase avec l’assouplissement monétaire mondial, tout en préservant une marge de manœuvre en cas de perturbations imprévues.

La modération des coûts d’emprunt devrait soutenir la consommation privée et encourager les investissements des entreprises, notamment dans les filières émergentes liées à la défense et à l’aéronautique. En revanche, l’investissement public demeurera relativement contraint par une discipline budgétaire accrue, à l’exception des dépenses liées aux préparatifs de la Coupe du Monde 2030.

Concernant les finances publiques, Fitch anticipe un léger creusement du déficit budgétaire, de 3,9 % du PIB en 2024 à 4,0 % en 2025. Ce glissement résulterait d’un ralentissement des recettes dû à la baisse de rentabilité des entreprises, contrastant avec la poursuite des investissements publics et le service de la dette.

En outre, l’agence prévoit une stabilisation du ratio dette/PIB sur la période 2025-2026, soutenue par un déficit primaire contenu et une croissance économique soutenue. À partir de 2026, un retour progressif à une trajectoire d’assainissement budgétaire est attendu, permettant de ramener la dette à 62,5 % du PIB à l’horizon 2034.

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