Échanges commerciaux entre l’Algérie et Israël : une réalité économique en contradiction avec le discours officiel
Un rapport du Center for International Development de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) révèle l’existence d’échanges commerciaux documentés entre l’Algérie et Israël depuis 2017, atteignant un volume total de plus de 30 millions de dollars. Ces données contredisent la posture officielle de l’Algérie, qui affiche un rejet catégorique de toute normalisation avec Israël.
Selon le rapport, l’Algérie a exporté vers Israël pour 30,5 millions de dollars en 2017, avec une prédominance des expéditions d’hydrogène, un produit clé du secteur énergétique algérien. Cette dynamique s’est poursuivie les années suivantes, comme l’indiquent les statistiques de la base de données des Nations unies sur le commerce des marchandises (UN Comtrade).
En 2020, les exportations algériennes vers Israël ont atteint 9,77 millions de dollars, avant de presque doubler en 2021, atteignant 14,9 millions de dollars. La tendance haussière s’est confirmée en 2022, où ces exportations se sont élevées à 21,4 millions de dollars, positionnant l’Algérie au quatrième rang des pays arabes exportateurs vers Israël, derrière les Émirats arabes unis, la Jordanie et l’Égypte.
Ces révélations surviennent alors que l’Algérie s’érige depuis plusieurs années en fer de lance du rejet du rapprochement avec Israël, critiquant ouvertement la reprise des relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv en 2020. Pourtant, les chiffres démontrent que les flux commerciaux entre Alger et Israël se sont intensifiés au fil des ans, dépassant même ceux du Maroc sur certaines périodes.
Les données montrent que les exportations marocaines vers Israël ont chuté de 64 millions de dollars en 2018 à 10,2 millions en 2020, soit l’année de la normalisation. En 2021, elles n’ont atteint que 11 millions de dollars, tandis que celles de l’Algérie s’élevaient à 15 millions. En 2022, les exportations marocaines se sont établies à 17,9 millions de dollars, contre 21,4 millions de dollars pour l’Algérie.
L’analyse des exportations révèle que les principales marchandises expédiées par l’Algérie vers Israël comprennent des produits chimiques organiques et des composés de métaux rares. À l’inverse, les échanges du Maroc avec Israël portent principalement sur des produits agricoles, notamment des fruits, des légumes, des noix, des viandes et des poissons.
Cette publication intervient alors que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment réaffirmé l’opposition officielle de son pays à toute reconnaissance d’Israël, tout en laissant entendre une éventuelle évolution de cette position. Dans une interview accordée au journal français L’Opinion le 3 février 2025, il a déclaré que l’Algérie pourrait reconnaître Israël une fois qu’un État palestinien indépendant serait établi.
« Bien sûr, le jour où un État palestinien verra le jour, nous serons prêts à reconnaître Israël », a-t-il affirmé, tout en rappelant que ses prédécesseurs, Chadli Bendjedid et Abdelaziz Bouteflika, n’avaient pas adopté de position ouvertement hostile à l’État hébreu.
La publication de ce rapport du MIT remet en cause l’alignement entre le discours officiel algérien et la réalité économique du pays. Elle met également en lumière une contradiction majeure : alors qu’Alger condamne ouvertement la normalisation marocaine avec Israël, elle maintient en parallèle des échanges commerciaux soutenus avec Tel-Aviv.
Ces révélations suscitent des interrogations sur la cohérence de la diplomatie algérienne et sur la place réelle des considérations économiques dans ses décisions politiques. Elles soulignent également que, derrière le prisme des postures idéologiques, les dynamiques commerciales obéissent souvent à des logiques bien plus pragmatiques.