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Diplômes falsifiés : El Midaoui pointe des dérives marginales et plaide pour une responsabilité partagée (video)

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Azzedine El Midaoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a réagi ce lundi au phénomène des faux diplômes et des scandales de type « sexe contre notes » qui secouent certaines universités du Royaume. Il a tenu à rappeler que ces dérives restent marginales et étrangères à l’esprit universitaire, tout en insistant sur le fait que la responsabilité en incombe à l’ensemble de la société.

« Je me joins à la voix des députées et députés pour exprimer ma profonde tristesse, ma consternation et mon malaise, à la fois en tant que citoyen marocain et responsable d’un secteur aussi stratégique », a-t-il déclaré lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants.

Tout en soulignant que ces affaires ne sauraient remettre en cause l’ancrage historique et le rôle fondamental de l’université marocaine, El Midaoui a qualifié ces situations d’inédites, marginales et symptomatiques d’un dérèglement social plus large. Il a tenu à rappeler que « celui qui propose un pot-de-vin porte autant de responsabilité que celui qui le reçoit ».

Le ministre a également pointé du doigt sur la généralisation inquiétante des pratiques de tricherie, qui ne se limitent plus aux niveaux initiaux, mais touchent aussi les établissements universitaires. Il a alerté sur la pression subie par les responsables universitaires, constamment aux prises avec des réseaux qui sapent l’intégrité académique.

« La responsabilité est collective. Chacun doit en assumer sa part. Mais cela ne signifie pas que le ministère se dérobe à la sienne », a-t-il affirmé. Il a souligné un déficit de signalement malgré la mise en place d’un numéro vert et l’existence d’instances de lutte contre la corruption.

Pour lui, la responsabilité est partagée entre les enseignants, les chefs de filières, les partenaires sociaux et l’administration universitaire, de l’agent au ministre en passant par les doyens et les secrétaires généraux. « Il est temps de faire front commun pour mettre un terme à ces dérives, aussi isolées soient-elles », a-t-il lancé.

El Midaoui a aussi mis en lumière les causes structurelles de ces phénomènes : afflux massif d’étudiants, surpeuplement, encadrement pédagogique et administratif insuffisant, procédures obsolètes au sein des cycles de master et doctorat, et législation dépassée en matière d’enseignement supérieur.

Face à cette réalité, il a souligné que la seule logique punitive ne suffira pas. « L’enseignement supérieur est un champ où l’intelligence est vive et où les technologies évoluent rapidement. Il nous faut une réforme de fond », a-t-il dit. Il a ainsi annoncé l’élaboration d’un nouveau projet de loi régissant ce secteur névralgique, pour remplacer l’actuel cadre législatif qui, bien qu’ayant marqué un tournant stratégique, est devenu inadapté face aux nouveaux enjeux.

Parmi les innovations majeures prévues : la création d’un Conseil stratégique de l’université, présidé par une personnalité de haut rang – l’université étant la seule institution non dirigée par le chef du gouvernement. Ce conseil aura pour mission de recevoir et d’évaluer les bilans des présidents d’université, qui seront appelés à justifier leurs orientations stratégiques.

Le futur texte prévoit également l’instauration d’un cahier des charges pour les postes de responsabilité universitaires, une restructuration complète de la carte universitaire selon des standards internationaux, et une réorganisation des grandes facultés par champs disciplinaires. Il a donné l’exemple de l’Université d’Agadir, qui couvre à elle seule 55 % du territoire national, rendant difficile toute gestion efficiente sans réforme en profondeur.

En outre, El Midaoui a indiqué que le ministère s’oriente vers une mutation du modèle d’accès à l’enseignement supérieur, avec la transformation des facultés à accès ouvert en établissements à accès régulé, et un accès automatique au master pour tous, hormis les filières d’excellence qui resteront soumises à sélection. Un effort particulier sera aussi consenti pour offrir une formation flexible destinée aux non-étudiants.

 

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