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Des groupes parlementaires demandent une enquête sur le soutien gouvernemental à l’importation de bétail

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Trois composantes parlementaires de la Chambre des représentants – le groupe Haraki, le groupe du Progrès et du Socialisme, ainsi que le groupe Justice et Développement – ont annoncé, lundi 7 avril 2025, le lancement d’une initiative constitutionnelle visant à la création d’une commission d’enquête parlementaire. Celle-ci porterait sur les modalités de gestion du soutien gouvernemental à l’importation de bétail depuis la fin de l’année 2022, ainsi que, plus largement, sur le pilotage du secteur de l’élevage au Maroc.

Dans un communiqué conjoint, les trois groupes parlementaires ont exprimé leur souhait de voir l’ensemble des composantes du Parlement, majorité comme opposition, s’associer à cette démarche. Ils soulignent que cette initiative vise à « faire toute la lumière sur la réalité des faits, évaluer les politiques publiques concernées, et ainsi contribuer à l’amélioration de la prise de décision publique, dans un esprit de transparence et d’efficience dans la gestion des affaires publiques ».

Cette initiative intervient dans un contexte de vive controverse au sein de l’opinion publique nationale. En cause : un dispositif de soutien gouvernemental jugé « généreux », incluant notamment des exonérations douanières, la prise en charge de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à l’importation, ainsi qu’une aide directe destinée à l’importation d’ovins pour l’Aïd al-Adha en 2023 et 2024. Le coût global de ces mesures se chiffre à plusieurs milliards de dirhams.

Le débat se focalise sur les conditions entourant ces décisions, leur efficacité, ainsi que sur l’ampleur réelle des sommes engagées par les finances publiques. Des interrogations persistent également quant au nombre et au profil des importateurs ayant bénéficié de ces aides, au respect par ces derniers des critères d’éligibilité, et plus largement, à la transparence et à l’égalité des chances dans l’accès aux dispositifs.

Dans une tentative de calmer la polémique, Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants et membre du bureau politique du Rassemblement National des Indépendants (RNI), a déclaré que le montant alloué n’avait pas excédé 300 millions de dirhams. Une affirmation rapidement contredite par Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, qui a révélé, documents officiels à l’appui, que le coût réel dépassait les 13 milliards de dirhams.

Dans un message publié sur son compte Facebook, Benabdallah a précisé que les exonérations fiscales accordées aux importateurs de bovins et d’ovins avaient coûté 13,3 milliards de dirhams au budget de l’État. Il a indiqué que 277 importateurs avaient bénéficié de ces avantages, tout en déplorant l’absence d’impact tangible de ces mesures sur les prix de la viande et des moutons sur le marché national.

Face à l’amplification de la polémique, le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Eaux et Forêts a livré sa version des faits. Dans un communiqué daté du 2 avril 2025, le ministère précise que le soutien gouvernemental à l’importation d’ovins destinés à l’Aïd al-Adha pour les années 2023 et 2024 a coûté 437 millions de dirhams : 193 millions en 2023 et 244 millions en 2024.

Selon le même communiqué, environ 875 000 têtes de bétail ont été importées sur cette période (386 000 en 2023 et 489 000 en 2024). Le ministère ajoute que 156 importateurs (61 en 2023 et 95 en 2024) ont été autorisés à participer à cette opération, précisant que la procédure d’importation était ouverte à tous les opérateurs répondant aux critères définis par arrêté ministériel.

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