Malgré les efforts considérables déployés par l’Algérie pour s’ancrer sur le marché mauritanien, notamment à travers l’ouverture d’un poste-frontière terrestre avec la Mauritanie et la construction d’une route de plus de 700 kilomètres reliant Tindouf à la ville mauritanienne de Zouerate, des signaux de doute quant à l’efficacité de cette stratégie commencent à émerger, alimentés par les plaintes répétées d’entreprises exportatrices algériennes faisant état d’obstacles persistants sur le terrain.
Dans ce contexte, plusieurs sociétés algériennes, dont Taste Paradise, Marin Fish et Bouchegouf Guelma, ont adressé des réclamations urgentes au ministre algérien du commerce extérieur et de la promotion des exportations, exprimant leur « profonde inquiétude » face à ce qu’elles décrivent comme des « entraves concrètes » compromettant la continuité de leurs exportations vers la Mauritanie. Elles ont pointé du doigt le ministre mauritanien de l’Économie et des Finances, l’accusant implicitement d’être à l’origine de ces blocages.
Ces entreprises appellent les autorités algériennes à « une intervention immédiate et décisive » auprès des plus hautes instances mauritaniennes afin de lever les barrières qui freinent la fluidité des échanges commerciaux avec Nouakchott. Elles mettent en garde contre les conséquences d’un maintien de cette situation, qui risquerait de compromettre les efforts officiels de l’Algérie pour s’imposer sur le marché mauritanien – un marché encore fortement interconnecté avec le Maroc, tant sur les plans logistique que culturel ou en matière de préférences des consommateurs.
La Mauritanie demeure un marché historiquement lié au commerce marocain, en raison de la proximité géographique et des liens économiques et culturels étroits entre les deux pays. Les entreprises marocaines y bénéficient d’une longue expérience dans l’importation, la distribution et la logistique, ainsi que d’un réseau bien établi de partenaires commerciaux locaux, ce qui leur confère un avantage concurrentiel difficile à éroder rapidement.
Cette situation représente, selon les plaignants algériens, un frein majeur aux ambitions économiques de l’Algérie en Mauritanie, malgré les investissements récents dans les infrastructures. À leurs yeux, le contrôle exercé par le Maroc sur les pratiques commerciales sur le terrain et la coordination institutionnelle régionale constitue un défi qu’il convient de relever sans délai.
Par ailleurs, l’un des problèmes structurels auxquels l’Algérie est confrontée dans sa tentative de rivaliser avec le Maroc en Afrique de l’Ouest réside dans le faible impact du poste-frontière algéro-mauritanien, inauguré il y a quelques années. Ce point de passage devait initialement servir de levier économique pour l’exportation des produits algériens vers l’Afrique de l’Ouest, mais la lenteur de sa mise en œuvre et les déficiences logistiques limitent fortement la portée des ambitions algériennes dans la région.