Dès 2028, l’Italie abandonne le gaz algérien au profit du gaz américain

La société italienne Edison a annoncé la signature d’un nouvel accord avec le géant international Shell pour l’achat de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis. L’entreprise a indiqué que cette démarche visait à diversifier ses fournisseurs et à « réduire les risques géopolitiques associés ».

Selon le communiqué de la société, le contrat prévoit la livraison annuelle d’environ 0,7 million de tonnes de GNL à partir de 2028, et ce pour une durée de 15 ans. Ce volume équivaut en partie aux importations algériennes vers l’Italie, estimées à près d’un milliard de mètres cubes par an.

Cet accord intervient dans un contexte de préoccupations croissantes en Italie quant à la dépendance vis-à-vis d’un fournisseur unique situé dans une zone marquée par des tensions politiques — une allusion implicite à l’Algérie et à son utilisation du gaz comme instrument de pression dans divers dossiers diplomatiques.

Edison a souligné que l’objectif de ce contrat est de renforcer la diversification et la flexibilité de son portefeuille énergétique à long terme. L’entreprise a précisé que l’approvisionnement se ferait sur la base « FOB » (Free On Board) grâce à sa propre flotte de méthaniers, ce qui traduit une volonté de contrôler l’ensemble de la chaîne logistique et de réduire l’impact potentiel d’ingérences politiques extérieures.

Actuellement, l’Italie importe du gaz en provenance du Qatar, de la Libye, de l’Algérie, de l’Azerbaïdjan et des États-Unis, couvrant environ 23 % de la demande nationale. L’élargissement de l’approvisionnement américain est ainsi perçu comme un choix stratégique pour renforcer la sécurité énergétique du pays.

L’Algérie est régulièrement perçue comme utilisant ses ressources gazières comme un levier politique, que ce soit dans ses relations avec l’Europe ou dans les conflits régionaux. Cette dépendance constitue un risque supplémentaire pour l’Italie si elle persiste à s’appuyer exclusivement sur le gaz algérien.

Le communiqué d’Edison précise toutefois que les volumes américains ne remplaceront pas entièrement ceux de l’Algérie, mais qu’ils constituent une première étape vers une rééquilibration du mix énergétique italien, offrant à Rome une marge de manœuvre accrue en cas de tensions politiques avec Alger.

Cette interprétation se trouve confortée par les précédents algériens : Alger avait menacé Madrid de couper l’approvisionnement si l’Espagne réexportait du gaz vers le Maroc, et a déjà mis fin à l’utilisation du gazoduc Maghreb-Europe traversant le Maroc vers l’Espagne et le Portugal, en guise de mesure de rétorsion dans le cadre du conflit bilatéral sur la question du Sahara. Cette décision avait suscité de vives critiques au niveau international, notamment de la part de l’Union européenne, partenaire énergétique majeur de l’Algérie.

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