Le quotidien espagnol « Europa Sur » a dévoilé de nouveaux éléments concernant les embarcations rapides qui accostent ces derniers mois sur les côtes de la province d’Almería, souvent présentées par certains médias espagnols – et même marocains – comme des zodiacs partis des rives marocaines avec à leur bord des migrants marocains.
Selon le journal andalou, ces bateaux ultrarapides, surnommés dans le langage médiatique « phantoms », prennent en réalité le départ depuis les côtes algériennes, et plus précisément de la ville d’Oran. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, filmées par un activiste algérien sur TikTok, montrent clairement ces embarcations stationnées près des rochers oranais, attendant que des dizaines de personnes se jettent à la mer pour les rejoindre, avant de s’élancer dans une traversée périlleuse vers l’Espagne.
Europa Sur souligne que ces images inédites mettent en lumière la mutation des réseaux de narcotrafic algériens, désormais reconvertis en organisations hybrides cumulant trafic de stupéfiants et traite de migrants. Ces filières, autrefois limitées au transport de cocaïne, de haschisch et de pilules de synthèse, utilisent aujourd’hui leurs puissants bateaux pour convoyer des migrants irréguliers. Le prix du passage s’élèverait entre 6 000 et 10 000 euros par personne.
Le phénomène, note le quotidien, a pris de l’ampleur ces derniers mois. Plusieurs réseaux mixtes, composés d’Algériens et d’Espagnols, ont été démantelés, certains exploitant même des ports de plaisance à Alicante comme bases logistiques. Les plages d’Almería ont vu débarquer des embarcations bondées de dizaines de migrants, confirmant cette intensification inquiétante.
En juillet dernier, un épisode marquant s’est produit au parc naturel de Cabo de Gata-Níjar (Almería), où des estivants médusés ont vu surgir un « phantom » transportant une vingtaine de personnes. Le mois d’août a été tout aussi révélateur, avec l’arrivée de deux zodiacs chargés de quatre-vingts migrants, avant de repartir immédiatement vers l’Algérie pour reprendre leur trafic.
Ces révélations contredisent directement les informations relayées par certains médias, qui avaient attribué à tort l’origine de ces zodiacs au littoral marocain. Une confusion d’autant plus notable que, même lorsque les embarcations prennent effectivement la mer depuis les côtes marocaines, elles transportent une diversité de nationalités : Algériens, Tunisiens, Syriens et Subsahariens, aux côtés de quelques migrants marocains.