Chiyat : la rentrée politique, un test décisif entre chiffres implacables et pression électorale

À l’orée de sa dernière année de mandat, le gouvernement d’Aziz Akhannouch aborde une rentrée politique hors du commun, lourde de dossiers explosifs et de défis sociaux pressants. Entre l’urgence de redresser un pouvoir d’achat laminé, l’attente de réformes législatives décisives et la nécessité de préserver une cohésion gouvernementale fragilisée, l’exécutif se retrouve placé sous le feu croisé des chiffres, des urnes et des attentes citoyennes.

Dans ce contexte, le professeur universitaire de relations internationales et analyste politique Khalid Chiyat livre à «belpressefr » une lecture lucide et sans concession des enjeux qui dessinent le visage de cette rentrée. L’analyste politique estime que le gouvernement conduit par Aziz Akhannouch doit relever un double défi : répondre à des attentes sociales urgentes, tout en gérant un calendrier électoral contraint à l’approche de 2026.

Selon Chiyat, le projet de loi de finances 2026 s’imposera comme le véritable baromètre de la majorité. Entre l’exigence d’injecter des ressources supplémentaires dans des secteurs vitaux tels que la santé, l’éducation et l’emploi, et la contrainte de maintenir des équilibres financiers fragiles grevés par la dette et le déficit, la marge de manœuvre apparaît étroite. Le discours de « l’État social », martelé par l’exécutif, reste encore loin des réalités vécues, alors que l’inflation galopante, la flambée des carburants et des denrées de base pèsent lourdement sur les ménages.

Pour l’analyste, les grands chantiers législatifs en suspens sont révélateurs des fractures politiques et sociétales. La réforme du Code de la famille cristallise un clivage profond entre visions conservatrices et aspirations libérales. Le dossier des retraites, quant à lui, illustre l’urgence d’un choix courageux : assurer la justice intergénérationnelle et sauver des caisses au bord de l’asphyxie. Quant à la loi sur le droit de grève et la réforme du Code de procédure pénale, elles demeurent enlacées dans des controverses constitutionnelles et des résistances syndicales.

Chiyat souligne que les récentes orientations royales tracent une feuille de route claire : généralisation de la protection sociale, garantie de la sécurité hydrique et alimentaire, refonte des systèmes de santé et d’éducation. Or, les chiffres relatifs au chômage, à la baisse des réserves en eau et à la fragilité des récoltes révèlent une fracture préoccupante entre l’ambition affichée et la capacité de mise en œuvre.

Sur le plan politique, l’universitaire avertit que la dernière année d’un mandat est souvent marquée par des crispations au sein des coalitions. Chaque formation cherche à tirer la couverture à soi, s’appropriant les succès et rejetant les échecs sur ses partenaires. La majorité tripartite d’Akhannouch n’échappe pas à cette logique, et les premiers signes de tension rendent l’exercice du pouvoir d’autant plus périlleux à l’approche des législatives de 2026.

En outre, Chiyat insiste sur la dimension sociale de ce tournant politique. La rareté de l’eau, les effets du changement climatique, l’atonie du marché de l’emploi et la pression croissante des syndicats composent une toile de fond préoccupante. Et de conclure : « La véritable question est de savoir si le gouvernement d’Akhannouch saura regagner la confiance des citoyens par des mesures tangibles renforçant la justice sociale, ou s’il restera dans l’histoire comme celui des occasions manquées. »

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