Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi matin à Rabat, Nacer Boulaajoul, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), a dévoilé le bilan final des accidents de la route pour l’année 2024. Les chiffres présentés sont alarmants, avec plus de 4 000 décès enregistrés, soit une hausse de 5,37 % par rapport à l’année précédente — un niveau jamais atteint depuis plusieurs années.
Boulaajoul a reconnu que la sécurité routière demeure un chantier difficile, qualifié de “domaine résistant”, et a appelé à une mobilisation nationale de toutes les forces vives : administrations, professionnels, société civile, familles, et collectivités.
“Aucun progrès durable ne peut être accompli sans un engagement collectif et structuré”, a-t-il insisté. Le responsable a souligné que les usagers les plus vulnérables, à savoir les piétons et surtout les conducteurs de deux et trois roues, représentent une part très élevée des victimes.
Entre 2015 et 2024, les accidents impliquant uniquement des deux-roues motorisés ont causé 667 décès supplémentaires, avec 400 morts rien qu’en 2024. Cela représente une augmentation de 63 % en une décennie.
“Les motos sont devenues la véritable menace pour la sécurité routière au Maroc, notamment avec l’explosion des services de livraison rapide”, a alerté Boulaajoul, tout en reconnaissant leur rôle essentiel dans la vie économique quotidienne, mais dans un cadre réglementé.
L’analyse des données entre 2015 et 2024 révèle une augmentation de 14 points du taux de mortalité en ville, traduisant une mutation des risques routiers vers les zones densément peuplées, où se conjuguent vitesse, imprudence et multiplication des moyens de déplacement légers (motos, vélos…).
En termes de ratio, le taux de mortalité pour 10 000 véhicules a continué de baisser, atteignant 5,2 décès — le niveau le plus bas depuis 2018.
En revanche, le taux de mortalité pour 100 000 habitants a augmenté à 10,5 décès, contre 10,1 en 2023 et 9,5 en 2022, soulignant la fragilité persistante des usagers vulnérables.
Un nouveau plan d’urgence pour enrayer l’hécatombe
Face à cette situation préoccupante, la NARSA a annoncé le lancement d’un plan national d’urgence pour la sécurité routière, axé prioritairement sur la protection des publics les plus exposés, notamment les motocyclistes.
Ce plan inclura : des mesures juridiques renforcées, des campagnes de sensibilisation, des contrôles plus stricts sur la qualité des véhicules et les permis, et un accent sur l’aménagement des infrastructures routières et l’encadrement des comportements.