Le président du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), Abdellah Bouanou, a vivement critiqué la qualité de la formation dans le secteur de la médecine et de la pharmacie, notamment dans certaines spécialités qu’il juge « défaillantes ». Selon lui, la faiblesse des dispositifs actuels aboutit à la formation de « médecins qui risquent d’humilier la dignité des citoyens plutôt que de la préserver ».
Ces propos ont été tenus ce vendredi 4 juillet 2025, lors d’un colloque organisé par le PJD sur les dysfonctionnements entourant le chantier de généralisation de la couverture sanitaire et de la protection sociale.
Bouanou a dénoncé une situation alarmante au sein de la spécialité de chirurgie ophtalmologique : « Des dizaines d’internes s’inscrivent chaque année à cette spécialité à Rabat, alors que seuls deux blocs opératoires sont disponibles pour l’ensemble de la formation ». Il en résulte, selon lui, un grand nombre d’étudiants qui, durant tout leur cursus, ne pourront jamais pratiquer dans des conditions réelles, ce qui constitue une anomalie grave du système de formation.
En évoquant la répartition des diplômés du secteur médical en 2025, il a indiqué que le nombre de lauréats issus des facultés de médecine publique et privée est désormais équivalent : 5 000 diplômés chacun. Il a attribué cette évolution en partie aux mouvements de protestation qui ont affecté les facultés publiques, ouvrant davantage d’opportunités pour le secteur privé.
Dans ce contexte, Bouanou estime qu’une stratégie délibérée semble viser à fragiliser le secteur public, en le poussant vers des impasses structurelles, afin d’orienter les citoyens vers les établissements de santé privés. Il met ainsi en garde contre une privatisation rampante du système de santé national.
Il a également tiré la sonnette d’alarme quant à la pénurie aiguë de ressources humaines dans le secteur public. Actuellement, celui-ci ne compte que 14 000 médecins pour un total de 32 000 professionnels de santé, un chiffre qui, selon lui, reste très en deçà de la moyenne mondiale recommandée par les instances internationales.