Le 10 septembre s’annonce comme une journée noire pour les transports en France. Sous le mot d’ordre « Bloquons tout », des collectifs de citoyens prévoient de paralyser les routes et les grands axes franciliens, ciblant notamment le périphérique parisien, les autoroutes et les gares.
Ce mouvement, qui prend racine sur les réseaux sociaux et se coordonne via Telegram, s’inscrit dans une contestation d’ampleur nationale face aux nouvelles mesures d’austérité du gouvernement Bayrou, notamment les 43,8 milliards d’euros d’économies et la suppression de deux jours fériés. Inspirés à la fois par les piqueteros argentins des années 2000 et par l’expérience des Gilets Jaunes, les organisateurs misent sur des actions éclatées et imprévisibles, sans hiérarchie claire ni leader identifié, afin de saturer le système et de compliquer l’intervention des forces de l’ordre.
Dès sept heures du matin, les participants sont appelés à bloquer les axes stratégiques, avec une priorité donnée au boulevard périphérique. Des appels circulent pour occuper les routes de manière festive, en organisant banquets et rassemblements populaires sur le bitume, afin de transformer le blocage en symbole de résistance.
Les services de renseignement estiment à 100 000 le nombre potentiel de manifestants à travers le pays, avec trente-huit actions déclarées. Les autorités redoutent en particulier la paralysie de secteurs vitaux tels que les dépôts pétroliers, les plateformes logistiques ou encore les voies d’accès aux aéroports.
Les préfectures franciliennes ont déjà activé leurs cellules de crise, préparant des itinéraires de déviation sur les principales artères. La Direction des routes Île-de-France a suspendu toute fermeture nocturne pour garder un maximum de voies disponibles en cas d’urgence. Bison Futé appelle les automobilistes à éviter tout déplacement non indispensable et à privilégier le télétravail. Mais l’alternative ne sera pas forcément du côté des transports publics, eux aussi menacés par des appels à la grève au sein de la RATP et de la SNCF.
Les lignes automatisées devraient toutefois être moins perturbées, tandis que les autorités mettent en avant les 8 700 km de pistes cyclables franciliennes et les plus de 35 000 vélos et trottinettes en libre-service disponibles via l’application Bonjour RATP.
Cette mobilisation s’annonce comme la première étape d’une séquence sociale tendue, appelée à se poursuivre dès le 18 septembre avec une nouvelle journée d’action portée cette fois par l’ensemble des syndicats. Entre colère diffuse, rejet des choix budgétaires et sentiment d’injustice, le mouvement « Bloquons tout » pourrait bien cristalliser la révolte d’une classe moyenne fragilisée et redonner à la rue un rôle central dans l’affrontement politique.