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Après la légalisation, les produits à base de cannabis peinent à séduire les consommateurs

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Après l’octroi des autorisations et la réglementation du secteur, les pharmacies marocaines commercialisent désormais des compléments alimentaires et des produits cosmétiques à base de cannabis, une décision en vigueur depuis l’été dernier. Toutefois, la demande reste en deçà des attentes, selon des professionnels du secteur.

Des coopératives locales ont réussi à produire ces articles et à les commercialiser après leur enregistrement auprès du ministère de la Santé. Ils sont ainsi disponibles à la vente dans plusieurs régions du pays, et pas uniquement dans les provinces où la culture du cannabis est autorisée (Al Hoceïma, Taounate, Chefchaouen). Depuis juin dernier, les pharmacies proposent neuf types de compléments alimentaires et dix produits cosmétiques issus du cannabis. Cependant, les quantités écoulées restent limitées.

À ce sujet, Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, explique que la faible demande s’explique par plusieurs facteurs, notamment une perception erronée de ces produits. Selon lui, de nombreux consommateurs pensent à tort qu’ils contiennent des substances psychotropes. Dans une déclaration à la presse, il précise que ces produits ne contiennent pas de tétrahydrocannabinol (THC), le principal composé psychoactif du cannabis, et qu’ils ne peuvent être commercialisés que si la teneur en THC est inférieure à 1 %.

Lahbabi souligne que les compléments alimentaires contiennent du cannabidiol (CBD), avec un taux de THC ne dépassant pas 0,3 %, tandis que les produits cosmétiques doivent être totalement exempts de cette substance.

En plus de ces idées reçues, le prix élevé de ces produits constitue un frein à leur adoption. D’après Lahbabi, leur prix en pharmacie débute à 200 dirhams, ce qui les rend peu accessibles pour une large partie des consommateurs.

Face à cette situation, il estime qu’une campagne de sensibilisation menée par le ministère de la Santé et de la Protection sociale ainsi que par l’Agence nationale de réglementation des activités liées au cannabis est nécessaire. L’objectif serait de rassurer les consommateurs sur l’innocuité de ces produits et leur conformité aux normes en vigueur. Il rappelle par ailleurs que la loi autorise les fabricants à ouvrir des points de vente dédiés en dehors des pharmacies, mais que l’absence de ces espaces limite la diffusion des produits.

La loi n° 13.21 impose aux transformateurs et fabricants d’obtenir une licence de l’Agence nationale de réglementation des activités liées au cannabis et de respecter des normes strictes pour l’ouverture de points de vente spécialisés.

Par ailleurs, Lahbabi note que certains pharmaciens ne font pas suffisamment d’efforts pour promouvoir ces produits, ce qui contribue à leur faible diffusion. Ainsi, le développement du marché des compléments alimentaires et des cosmétiques à base de cannabis dépendra de la déconstruction des préjugés, de la mise en place d’alternatives plus abordables et d’une intensification des efforts de sensibilisation et de marketing.

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