Le président américain Donald Trump a promulgué jeudi la loi sur la politique de défense, confirmant un soutien bipartisan fort en faveur de l’Europe et marquant un défi ouvert à l’égard de la Maison-Blanche, dont la position devient de plus en plus hostile envers l’OTAN et les alliés proches de Washington.
Le “National Defense Authorization Act” (NDAA), adopté chaque année, définit les priorités des États-Unis en matière de sécurité et de politique étrangère pour l’année à venir, selon des parlementaires. Le texte demeure l’un des rares dossiers sur lesquels démocrates et républicains continuent de coopérer, malgré les divisions qui s’accentuent à Washington.
Selon la porte-parole de la Maison-Blanche, Anna Kelly, Trump a signé une loi prévoyant notamment une hausse des salaires des militaires américains, tout en consolidant l’agenda national fondé sur le principe du “peace through strength” (paix par la force), et en finançant le système de défense aérienne et antimissile baptisé “Dôme doré”, soutenu par le président.
Kelly a ajouté que la loi, qui accorde un budget de 900 milliards de dollars aux programmes militaires, supprime certaines priorités associées à la “culture woke” – c’est-à-dire la vigilance face aux discriminations raciales ou sociales – et met fin à des programmes axés sur la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI), auxquels de nombreux conservateurs s’opposent. Le texte impose par ailleurs que les promotions militaires se fondent désormais sur le mérite, plutôt que sur des objectifs de diversité.
Le Sénat a approuvé la loi mercredi, après son adoption par la Chambre des représentants la semaine précédente.
Cette adoption intervient alors que l’inquiétude grandit dans plusieurs capitales européennes face au discours de Trump, d’autant plus qu’une récente stratégie nationale de la Maison-Blanche décrit l’Europe comme excessivement réglementée, culturellement fragilisée, et incapable de s’engager suffisamment dans sa propre défense.
La stratégie remet en question l’importance géostratégique du continent et reprend des thèmes souvent relayés par la droite populiste, alimentant les craintes d’un élargissement du fossé transatlantique.
Cependant, le NDAA traduit la volonté du Congrès d’affirmer fermement la présence américaine en Europe.
Le texte interdit à l’exécutif de réduire le nombre de soldats américains stationnés sur le continent en dessous de 76 000 pour une période excédant 45 jours, et impose des restrictions au retrait d’équipements militaires stratégiques — empêchant de facto toute réduction majeure du dispositif américain en Europe.
La loi renforce par ailleurs les moyens alloués aux pays situés sur les premières lignes de l’OTAN, notamment dans la région baltique, consolidant le flanc nord-est de l’Alliance. Le montant adopté dépasse d’environ huit milliards de dollars la demande initiale de l’administration, signe de la détermination du Congrès à défendre ses priorités stratégiques.
Enfin, 400 millions de dollars ont été attribués à l’aide sécuritaire à l’Ukraine, afin de maintenir un soutien essentiel dans un contexte de débats budgétaires persistants. Le texte fixe aussi une nouvelle limite stricte à toute réduction des 28 500 soldats américains stationnés en Corée du Sud.





