En mission officielle, les deux experts, Jean-Louis Levet et Paul Tolila, ont pu évaluer au plus près l’état – chaotique – du pays. C’est tout l’intérêt de leur analyse.
Un ouvrage de plus à caser dans les rayons engorgés de la littérature sur les pathologies algériennes ? A première vue, on se demande bien ce que Le Mal algérien, de Jean-Louis Levet et Paul Tolila, pourrait apporter de neuf à la somme des radiographies déjà disponibles sur le sujet, rapporte Le Monde.
De la captation de l’Etat par l’armée, héritage empoisonné de la guerre d’indépendance (1954-1962), à la corruption endémique, en passant par le bureaucratisme kafkaïen, l’autoritarisme récurrent, le cynisme des élites, la dramaturgie mémorielle, l’impasse de la rente pétrolière, l’étouffement de la jeunesse et le salut par l’émigration, le grand corps malade qu’est l’Algérie ne manque pas de bulletins cliniques. Symptômes connus, ordonnances à foison. Et pourtant rien ne change : le patient n’en finit pas de s’anémier. Le Hirak protestataire de 2019, réprimé, n’aura pu provoquer la rémission espérée.
Si le nouveau diagnostic offert par Jean-Louis Levet et Paul Tolila vaut le détour, c’est qu’il n’a pas été dressé dans un cabinet. Selon Le Monde, il est le fruit d’une immersion physique. Le Mal algérien est un récit de voyage politique, le carnet d’une exploration migraineuse du labyrinthe administratif algérien autant que d’une fréquentation empathique des forces vives du pays (jeunes, entrepreneurs, etc.). Les deux auteurs sont des experts que Paris avait mandatés en 2013 pour une mission de coopération « technologique et industrielle » avec l’Algérie. De l’opérationnel dur, en somme, très loin des incantations d’estrades ministérielles.