« Où est la démocratie française ? », ont lancé les personnes qui ont interpellé Emmanuel Macron
Le chef de l’État français a repris la parole à la suite de son interpellation par de jeunes protestataires, qui sont intervenus brièvement à différents endroits du balcon, au-dessus de la scène de la salle du centre Amare où venait d’arriver Emmanuel Macron. Ces derniers l’ont apostrophé au sujet de l’adoption de la réforme des retraites et de l’inaction climatique en France. « Je pense que nous avons perdu quelque chose : où est la démocratie française ? », « vous avez encore contourné le Parlement », « la convention sur le climat n’est pas respectée », « quand allez-vous écouter les millions de personnes dans la rue ? », ont-ils entre autres crié, en déroulant plusieurs banderoles, dont une sur laquelle était écrit en anglais « Président de la violence et de l’hypocrisie ».
Emmanuel Macron a répondu à ces interpellations avant de commencer sa prise de parole sur le concept de souveraineté européenne, tandis que les protestataires étaient évacués de la salle. « C’est très important d’avoir un débat social », a-t-il répondu, avant d’ajouter : « Je peux répondre à toutes les questions sur ce dont nous discutons en France », « ceci est une démocratie et une démocratie est exactement un endroit où l’on peut manifester » et voir « ce type d’interventions ». Il a ensuite ajouté : « Le jour où vous vous dites “quand je suis en désaccord avec la loi qui a été adoptée ou les personnes qui ont été élues, je peux faire ce que je veux car je décide moi-même de la légitimité de ce que je fais”, vous mettez la démocratie en danger. »
Après l’interruption de son discours, le président français a repris son exposé, en anglais, sur la souveraineté économique de l’Union européenne. Nous devons « façonner notre destinée en choisissant nos interlocuteurs, a-t-il commencé. Nous devons tenter d’être des décideurs plutôt que de subir les règles ».
Pendant la crise sanitaire liée au Covid-19, « nous avons compris que nous étions dépendants pour un grand nombre de médicaments et un grand nombre de choses, a-t-il poursuivi. Nous devons réduire cette dépendance pour renforcer notre identité et notre souveraineté. »
Emmanuel Macron venait de prendre la parole à La Haye quand il a été interrompu par des protestataires dans l’assistance. Plusieurs personnes ont crié ce que le président a d’abord pris pour des questions avant de dérouler une banderole et d’être évacuées par le service de sécurité.
Le chef de l’État français s’apprête à prononcer un discours sur la souveraineté économique et industrielle de l’Europe, depuis le Nexus Instituut, un think tank néerlandais, à La Haye.
Depuis son fameux discours de La Sorbonne en 2017, et ce bien davantage depuis la crise liée au Covid-19 et sa réélection, Emmanuel Macron s’est fait le chantre de la coopération européenne, en plaidant pour la « souveraineté » et l’« autonomie stratégique » de l’Union
Si la position « alliés mais non alignés » est une constante de la diplomatie française à l’égard des Etats-Unis, les propos tenus par Emmanuel Macron au sujet de Taïwan posent plusieurs problèmes.
Celui du choix du moment, d’abord, à l’issue d’une visite d’État de trois jours au cours de laquelle le président français a multiplié les signes de rapprochement avec son homologue chinois, Xi Jinping. A peine la délégation française avait-elle quitté la Chine que les forces armées chinoises lançaient d’importantes manœuvres simulant un encerclement de Taïwan, en riposte à la visite de la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, en Californie, où elle a rencontré le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.
La manière dont le président français, Emmanuel Macron, formule sa pensée, ensuite, l’expose inévitablement à des interprétations négatives. M. Macron semble placer sur un pied d’égalité la relation entre vingt-sept États membres qui font librement partie d’une Union et celle d’une autocratie superpuissante avec une île de 24 millions d’habitants qui reste attachée à la démocratie et refuse d’être soumise à cette superpuissance.
L’entretien, enfin, pèche par ce qui n’y figure pas : le rappel, notamment, de l’exigence de préserver la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan, et celui de la légitimité du choix démocratique de ses citoyens.
En pleine guerre d’Ukraine, cet intérêt est dans la clarté et l’unité, pas dans la confusion.