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Hausse des prix et règlement de compte entre partis politiques

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Il parait tout à fait étrange que quelques partis aussi bien de l’opposition que de la majorité parlementaire ainsi que leurs secrétaires généraux respectifs se montrent d’une manière incohérente et sans aucun sens de la responsabilité nationale dans une période de crise.

Comme il n’est pas non plus admissible de voir le niveau s’abaisser à tel point pour se permettre de rentrer dans des confrontations débiles et des accusations réciproques en exploitant une conjoncture marquée par une inflation plus au moins universelle. Une exploitation, devenue un terrain de combat pour le règlement des comptes entre les partis et des tentatives de manipuler les émotions du citoyen, pris dans un tourbillon de la misère et de la hausse du cout de la vie. Une nouvelle tendance qui ne fait qu’altérer la situation sociale davantage sans aucun respect du mois sacré, censé être un mois de pardon, de solidarité et de soutien social.

On ne peut donc qu’être déçu voire exténué par l’attitude de ces partis politiques qui constituent en même temps une institution législative et qui ne se tiennent pas aux lois ni aux différents mécanismes constitutionnels ou juridiques pour exprimer leurs opinions et adresser leurs messages en bonne et forme des articles de la loi en vigueur.

Et comme exemple de cette mesquinerie morale et politique, c’est la dernière lettre ouverte du PPS par son secrétaire général Nabil Ben Abdellah au chef du gouvernement Aziz Akhannouch, à travers laquelle il s’indigne et accuse le gouvernement de « mépris », d’incapacité » et finalement d’un simple « observateur » de cette hause des prix qui impute le pouvoir d’achat de la majorité des citoyens marocains, sans prendre des mesures concrètes et rigoureuses pour y remédier.

Et c’est tout à fait normal de s’attendre à une réponse à cette lettre par le parti du RNI ainsi que son équipe parlementaire suite aux accusations graves contre la réaction du gouvernement face à la hausse des prix comme si ce dernier vivait sur une autre planète, ignorant en même temps l’ampleur de cette hausse et son impact sur la situation socioéconomique. A cet égard, Mohamed Ghiat, président du groupe des députés du RNI a souligné que la vraie responsabilité politique basée sur une approche citoyenne doit être au-delà du dogmatisme politique et s’unir autour de l’intégrité et de la vérité dans des périodes de crise comme en témoigne l’histoire des peuples.

Et d’ajouter que le RNI refuse toute exploitation populiste des crises économiques et sociales puisque la logique politique impose dans de telles situations plus de solidarité et de coopération voire de cohérence nationale surtout que la présente crise n’est pas structurelle ou typiquement marocaine mais plutôt d’ordre mondial et face à laquelle le gouvernement déploie tous les moyens pour réduire son impact sur le cout de la vie du citoyen marocain.

Toujours en relation avec le sujet, le militant du RNI s’est demandé si ces rassemblements derrière les microphones ainsi que les déclarations des partis, qui ne font qu’aggraver la situation et semer la terreur, peuvent-ils être considérés comme un comportement digne d’une institution politique qui fait partie de l’opposition et qui veut récupérer ce qu’elle avait perdu durant sa campagne électorale ? Est-ce le fait de surfer sur les vagues de cette crise peut apaiser l’endurance des citoyens ou tout simplement un retour désespéré d’une classe ayant quitté la gestion des affaires publiques avec une mention d’incapacité et d’échec ?

A noter également que le leader du RNI a considéré ces propos destructifs d’une part et sceptiques vis-à-vis de la crédibilité des institutions et de la gouvernance des affaires publiques d’une autre part, ne peuvent en aucun cas apporter des solutions à la crise ni sortir du pays de l’impasse actuelle. Reste donc à savoir si dans le cas échéant, une partie de l’entité politique pourrait engager un discours franc et ouvrir un dialogue social plus constructif, sachant bien qu’elle a épuisé tout son stock et qu’elle ne lui reste aucune issue possible à part solliciter l’opinion publique et recourir à un euphémisme des actions de l’État pour faire face à l’endurance sociale, conséquence de cette situation difficile.

Et il fallait s’attendre à la réplique du bureau politique du PPS qui a estimé que sa lettre, ouverte adressée au chef du gouvernement, a suscité des réactions positives de la part de l’opinion publique lorsque certaines voix avaient préféré de ne pas réagir et c’est ce qui prouve une certaine faiblesse de fournir des réponses convaincantes et une réticence au niveau du dialogue démocratique.

Toujours en relation avec l’attitude du PPS, son secrétaire général a demandé au chef du gouvernement des explications sur le maintien de la hausse des prix des produits énergétiques malgré leur baisse au niveau mondial ainsi que sur l’échec du plan Maroc Vert, qui devait normalement permettre l’approvisionnement du marché national en fruits et légumes pour des prix à la portée du citoyen marocain.

Quant au mouvement populaire, son chef du groupe des parlementaires Driss Sentissi a demandé au gouvernement des compétences de cesser son intransigeance, de cesser de fournir des prétextes, de corriger son cursus et de se montrer plus sensible à la situation du citoyen et ses conditions de vie avec plus d’objectivité et de logique.

Face donc à une telle guerre ouverte par le PPS, on s’attend toujours à la réaction du PJD par son secrétaire Abdellilah Benkirane lorsque d’autres partis comme l’USFP, l’Istiqlal et le PAM attendent dans le silence la suite des événements.

In fine, on peut dire que les divergences des positions et points de vue entre différents partis politiques au sujet de la gestion des politiques publiques est une chose tout à fait naturelle mais ne doit en aucun cas tendre vers un règlement de compte loin de tous les mécanismes constitutionnels et en dehors des normes démocratiques et des lois en vigueur. Certes, la hausse des prix est très importante à tous les niveaux mais elle reste passagère et c’est la raison pour laquelle, les partis politiques doivent accomplir leurs tâches conformément à l’article 7 de la Constitution et l’article 9 du code organisationnel des partis politiques n°11-29.

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