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La ministre française des Affaires étrangères refuse de répondre aux « déclarations déplaisantes » sur la crise entre le Maroc et la France

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La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a refusé de commenter les récentes déclarations d’une source gouvernementale marocaine concernant la crise diplomatique croissante entre le Maroc et la France.

Mme Colonna a fait l’objet de vives critiques lors de sa comparution devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française mardi, de nombreux députés ayant interrogé la plus haute diplomate française sur la crise diplomatique entre le Maroc et la France qui s’aggrave visiblement.

L’AFP rapporte que certains députés ont interrogé M. Colonna sur les remarques d’une source gouvernementale marocaine qui avait démenti les affirmations de la France selon lesquelles ses relations diplomatiques avec le Maroc étaient « bonnes » et « amicales », malgré des rapports contraires.

Lors d’une conférence de presse avant sa tournée controversée en Afrique centrale, le président français Emmanuel Macron avait affirmé que les liens diplomatiques entre Paris et Rabat étaient amicaux et le resteraient.

« Nous avons eu plusieurs discussions, il y a des relations personnelles qui sont amicales et qui le resteront. Il y a toujours des gens qui essaient de mettre en avant des incidents, des scandales au Parlement européen », a déclaré M. Macron, suggérant que, contrairement aux informations faisant état du mécontentement du Maroc à l’égard de l’attitude et de la position de la France sur un certain nombre de questions stratégiques, Paris et Rabat étaient déterminés à faire progresser leurs relations déjà chaleureuses.

En réponse, une source autorisée du gouvernement marocain citée par Jeune Afrique a démenti les affirmations de Macron, soulignant que « les relations ne sont plus ni amicales ni bonnes, ni entre les deux gouvernements, ni entre le Palais royal et l’Élysée. »

Interrogée sur une réponse aussi ferme de la part d’un responsable marocain anonyme, Mme Colonna a minimisé ses propos et affirmé que les « déclarations désagréables » rapportées par Jeune Afrique provenaient de « sources anonymes et n’appelaient donc pas de commentaire particulier ».

Comme le président Macron, elle a semblé suggérer que les relations entre Paris et Rabat restent amicales malgré les défis. Colonna a suggéré qu’il n’y a pas de crise croissante entre la France et le Maroc, rappelant sa visite au Maroc à la mi-décembre 2022, lorsqu’elle a annoncé la reprise des « relations consulaires normales ».

Avant cette renormalisation des relations consulaires à la fin de l’année dernière, le gouvernement français avait suscité la controverse et des réactions négatives au Maroc en 2021 lorsqu’il avait décidé de réduire de 50 % le nombre de visas accordés aux Marocains. Paris a justifié sa décision controversée en affirmant que le Maroc avait refusé de coopérer à l’expulsion de France d’un certain nombre de ressortissants marocains qui vivaient « illégalement » dans le pays européen.

Le gouvernement marocain a réagi en qualifiant les restrictions de visa d' »injustifiées » et en soulignant son engagement à traiter la question de la migration et de la circulation des personnes « avec beaucoup de responsabilité et d’équilibre ».

Bien que la France affirme maintenir des « services consulaires normaux » avec le Maroc suite à la visite de Colonna en décembre, les associations et les militants au Maroc continuent de condamner le traitement discriminatoire des demandeurs de visas marocains.

Pourtant, la controverse sur les visas n’est même pas au cœur de la crise politique croissante entre Paris et Rabat.

Alors que le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental continue de recueillir un soutien international, beaucoup dans le pays nord-africain s’insurgent contre la réticence de la France à suivre les traces des États-Unis, de l’Espagne et d’une foule d’autres pays qui ont tous décrit sans ambiguïté le plan marocain comme la voie la meilleure et la plus crédible pour une résolution durable du conflit du Sahara.

Pour de nombreux analystes, la position de la France sur la question du Sahara marocain la rend peu fiable en tant qu’amie et alliée du Maroc.

En plus du conflit du Sahara, d’autres ont souligné la promotion apparente par le gouvernement français de rapports dénigrant le Maroc et son rôle en coulisses dans la récente résolution de l’UE ciblant le Maroc, comme un autre signe de l’entretien subtil par Paris des hostilités envers Rabat.

Le responsable marocain anonyme cité par Jeune Afrique s’est exprimé en ce sens, citant l’empressement de l’establishment politique et médiatique français à associer le Maroc à l’espionnage illégitime et à d’autres pratiques répréhensibles, telles que les violations de la liberté de la presse et l’intimidation des dissidents et des détracteurs du gouvernement.

L’implication des médias et de certains milieux français dans la promotion de l’affaire Pegasus ne pouvait se faire sans l’implication des autorités françaises », a déclaré la source, ajoutant que la récente résolution du Parlement européen hostile au Maroc « ne pouvait être adoptée sans la mobilisation active du groupe « Renouveau », qui comprend 23 eurodéputés français ».

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