Pour la neuvième semaine consécutive, des milliers d’Israéliens sont descendus ce week-end dans les rues de Tel-Aviv pour protester contre le projet de réforme de la justice défendu par le gouvernement de Benjamin Netanyahu et ses alliés d’extrême droite , mais jugé dangereux pour la démocratie par ses opposants.
Benjamin Netanyahou, à la tête d’un gouvernement de coalition de droite et d’extrême droite entré en fonction en décembre 2022, cherche, par le biais de réformes, à réduire les pouvoirs de la Cour suprême en introduisant notamment une clause » dérogatoire » offrant la possibilité au Parlement d’annuler à la majorité simple une décision de cette juridiction. De plus, cette dernière verrait son indépendance remise en cause puisque le texte doit permettre au pouvoir politique de nommer directement les juges qui y siègent.
Des réformes qui ont déclenché une vague de protestations dans le pays depuis quelques semaines. Les slogans de » Démocratie ! « et « Honte », ont été scandés dans le centre de Tel Aviv par les manifestants qui brandissaient le drapeau israélien, mais aussi dans d’autres villes du pays.
Des affrontements ont également eu lieu mercredi à Tel Aviv entre des manifestants et la police, qui a utilisé des canons à eau et des grenades assourdissantes pour disperser la foule. Un porte-parole de l’hôpital Ichilov de Tel Aviv a déclaré à l’AFP que 11 manifestants y avaient été soignés.
Les opposants au projet de réforme de la justice de Netanyahu affirment qu’il vise à saper l’autorité judiciaire au profit de l’autorité politique, avertissant que le projet de loi constitue une menace pour le système démocratique.
Mais Benjamin Netanyahou et le ministre de la Justice, Yariv Levin, ne l’entendent pas de la même oreille. Ils considèrent que la réforme du système judiciaire est une étape essentielle du rééquilibrage des branches du pouvoir. Le Premier ministre israélien et ses alliés estiment ainsi que les juges de la Cour suprême sont politisés et jouissent de plus de pouvoir que ceux des élus.
Ainsi, le Parlement a approuvé mardi, en première lecture, deux dispositions fondamentales de la réforme, la première modifiant le processus de nomination des juges, et la seconde rendant la Cour suprême inapte à annuler tout amendement aux lois fondamentales considérées comme une Constitution en Israël.
Une autre disposition controversée prévoit l’introduction de la clause d’exception, qui permet au Parlement d’annuler certaines décisions de la Cour suprême par une majorité simple de 61 voix sur 120 membres du Parlement, et dont le vote est prévu lors d’une première lecture à une date ultérieure.
Jusqu’à présent, il semble que les protestations, qui condamnent généralement la politique du gouvernement, ne parviendront pas à détourner Netanyahou et sa majorité de leur objectif.
Pour sa part, l’opposition, menée par le leader centriste Yair Lapid, a accusé à plusieurs reprises Netanyahou de poursuivre ses intérêts personnels par le biais de l’amendement.