La Fédération marocaine des éditeurs de journaux a appelé à la saisine de la Cour constitutionnelle concernant la loi n°25-26 relative à la réorganisation du Conseil national de la presse, adoptée par la Chambre des conseillers le mercredi 24 décembre 2025, afin de vérifier sa conformité à l’article 28 de la Constitution et de « distinguer le vrai du faux quant au respect de ce texte des principes constitutionnels ».
Dans un communiqué publié ce jeudi 25 décembre 2025, la Fédération a exprimé son espoir de voir intervenir « toute personne dotée de raison et soucieuse de l’intérêt du Maroc et de son image démocratique », afin de sauver l’avenir du secteur de la presse et de l’édition dans le Royaume, ainsi que l’image du pays et son parcours démocratique historique.
Selon le communiqué, la Chambre des conseillers a porté, le mercredi 24 décembre 2025, un coup sévère au secteur de la presse et de l’édition, à la liberté de la presse, à son indépendance et au principe même de l’autorégulation, en adoptant, lors d’une séance plénière boycottée par l’opposition, le projet de loi portant réorganisation du Conseil national de la presse.
La Fédération ajoute que son bureau exécutif a accueilli ce vote « avec déception et inquiétude quant à l’avenir de la profession », soulignant que l’aboutissement du processus d’adoption de cette loi « néfaste » constitue un alignement clair du gouvernement et de la majorité parlementaire contre la liberté de la presse, contre la grande majorité du corps professionnel, les organisations des droits humains et de la société civile, deux institutions constitutionnelles de gouvernance, cinq anciens ministres de la Communication, ainsi que des instances professionnelles internationales, et plus largement contre l’orientation démocratique du pays.
La Fédération a réaffirmé son attachement à toutes les positions précédemment exprimées contre les décisions du gouvernement et du ministre en charge du secteur, dénonçant une « politique de fuite en avant » adoptée par ce dernier avec un entêtement sans précédent et une « complicité troublante » avec une seule organisation associative devenue l’unique interlocuteur, au détriment de l’ensemble des représentants du corps journalistique au Maroc.
Elle estime que ce qui s’est produit s’inscrit dans une série d’actions menées par le gouvernement visant à transformer le secteur de la presse en une autorité subordonnée, où les acteurs s’affrontent désormais par le biais de la loi. Cette dérive se manifeste, selon la Fédération, à travers le scandale des vidéos de la commission d’éthique professionnelle resté sans suites, l’exclusion de toutes les organisations professionnelles historiques, la mise en place d’un système de soutien public taillé sur mesure, la marginalisation de la presse régionale et des petites et moyennes entreprises de presse, la tolérance excessive envers une presse de diffamation, de chantage et de médiocrité, ainsi que l’instauration d’une logique de parti unique dans le paysage médiatique marocain.
La Fédération a assuré qu’elle continuera à défendre ses positions de principe, comme elle l’a toujours fait, et qu’elle s’engagera dans toutes les initiatives visant à faire face à ce qu’elle qualifie de « plan dangereux » portant atteinte à la liberté de la presse et à la pluralité du paysage médiatique, dans le cadre d’un front national pour la défense de l’indépendance de la profession et de la dignité des journalistes.
Par ailleurs, la Fédération des éditeurs a salué « les positions responsables et sérieuses des composantes de l’opposition à la Chambre des conseillers », mettant en avant le rôle du groupe de l’Union marocaine du travail, du groupe Haraki, du groupe socialiste – opposition ittihadie, du groupe de la Confédération démocratique du travail, ainsi que des conseillers de l’Union nationale du travail au Maroc, en plus de l’interaction positive et continue du président de la Commission de l’enseignement, des affaires sociales et culturelles.
En revanche, elle a exprimé son regret face à l’alignement des groupes des trois partis de la majorité et de leurs alliés, « de manière aveugle derrière le gouvernement », estimant qu’ils ont choisi de faire partie d’une « coalition de confiscation anticonstitutionnelle », visant à exercer une domination et un contrôle sur une instance qui n’aura désormais plus aucun lien avec l’autorégulation, et qui ne bénéficiera d’aucune confiance ni du corps professionnel ni de la société.






