Le retrait des groupes d’opposition lors de la séance législative consacrée à l’adoption du projet de loi relatif au Conseil national de la presse, ce mercredi à la Chambre des conseillers, a provoqué un vif débat politique et professionnel. Les syndicats et les formations d’opposition ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme un « passage en force » d’une loi jugée régressive, portant atteinte à la liberté de la presse et à l’autorégulation de la profession.
Khalihenna El Karch, conseiller parlementaire de la Confédération démocratique du travail, a qualifié cet épisode de « nouvel exemple d’appropriation gouvernementale d’une institution censée garantir la liberté d’expression ». Selon lui, l’ingérence du gouvernement dans la structure et les prérogatives du Conseil national de la presse constitue une violation de la Constitution et des engagements internationaux du Maroc.
Le conseiller a ajouté que la protestation de l’opposition et des centrales syndicales faisait suite au refus du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication d’accepter toute modification du projet de loi, malgré les amendements proposés par les différents groupes politiques et syndicaux. Pour lui, ce comportement traduit « un défi ouvert au sein de l’institution législative et un contournement du débat parlementaire et de l’approche participative ».
La séance avait été suspendue plus de trente minutes à la demande de l’opposition, avant que Nourredine Slik, président du groupe de l’Union marocaine du travail, n’annonce le retrait collectif de son groupe et des autres composantes d’opposition. Les critiques portaient notamment sur l’ignorance par le ministre des avis du Conseil national des droits de l’Homme, du Conseil économique, social et environnemental, ainsi que des conclusions d’une journée d’étude dédiée au projet.
Malgré ce retrait, le président de séance, Lahcen Haddad, a poursuivi la procédure d’adoption, permettant à la majorité de présenter les amendements proposés par l’opposition avant de voter contre eux, une situation qui a suscité l’ironie de Nourredine Slik.
Khalihenna El Karch a conclu en rappelant le rôle fondamental de la presse comme « quatrième pouvoir », soulignant que toute atteinte à son indépendance constitue « un recul démocratique manifeste », en contradiction avec la Constitution et les engagements internationaux du Royaume en matière de liberté d’expression et de presse.






