Conseil de la presse : les syndicats accusent Bensaid de mensonge et de dérive éthique

Les organisations syndicales et professionnelles du secteur de la presse et de l’édition ont exprimé leur profonde stupéfaction face aux déclarations du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, selon lesquelles 80 % des observations du Conseil économique, social et environnemental et du Conseil national des droits de l’Homme auraient été prises en compte dans les amendements relatifs au projet de loi 26.25 portant réorganisation du Conseil national de la presse.

Dans un communiqué conjoint, ces organisations ont exhorté le ministre de la Communication à rendre publiques lesdites observations qu’il « affirme avoir intégrées » au projet, estimant que l’opinion publique est en droit de connaître leur contenu ainsi que le degré réel de leur prise en compte dans le texte législatif.

Le communiqué précise que le Syndicat national de la presse marocaine, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux, l’Union nationale de la presse, de l’information et de la communication (UMT), le Syndicat national des médias et de la presse (CDT), ainsi que la Confédération marocaine des éditeurs de presse et des médias électroniques, aux côtés des groupes parlementaires et des députés non affiliés à la Chambre des conseillers, ont accueilli ces déclarations avec une vive surprise et une profonde indignation.

Les organisations estiment que les propos du ministre constituent une « scandale politique et éthique », venant s’ajouter, selon elles, au scandale de la vidéo divulguée attribuée à une réunion de la commission de discipline et de déontologie de la commission provisoire de gestion du secteur de la presse. Elles considèrent que ces déclarations représentent une « atteinte manifeste aux institutions de l’État » et placent le gouvernement face à une responsabilité publique quant à la gravité de cette « allégation mensongère » concernant le projet de réorganisation du Conseil national de la presse.

Les organisations professionnelles s’interrogent : « Quand, où et comment les observations des deux conseils ont-elles été prises en compte ? ». Elles rappellent que le projet de loi a été soumis aux deux institutions constitutionnelles le 16 juillet 2025 pour avis, que le CNDH a rendu son mémorandum le 16 septembre 2025, tandis que l’assemblée générale du CESE n’a adopté son avis qu’à l’issue de sa session du 25 septembre 2025.

Elles ajoutent que la discussion détaillée du projet, tel qu’adopté par la Chambre des représentants le 22 juillet 2025, n’a eu lieu que le 1er décembre 2025, alors que la date limite de dépôt des amendements à la Chambre des conseillers a été reportée du 8 décembre à une date ultérieure à la demande de l’opposition parlementaire.

Les organisations exigent que le ministre rende publiques les 80 % de propositions issues du CESE et du CNDH qu’il affirme avoir intégrées, alors même que la Chambre des représentants n’en avait pas été informée avant ou pendant l’examen et le vote du projet.

Elles soulignent par ailleurs qu’un grand nombre d’observations de fond et de forme formulées par ces deux institutions constitutionnelles suffisent, à elles seules, à justifier le retrait du projet de loi du Parlement et son renvoi à la table du dialogue et de la négociation fondée sur le consensus.

Les organisations tiennent le gouvernement pour responsable de la dégradation de la situation du secteur de la presse et de l’édition, qu’elles qualifient de « violation des lois, d’atteinte à la Constitution et de mépris des conventions internationales ratifiées par le Royaume ». Elles appellent également à l’arrêt de ce qu’elles décrivent comme un « plan de domination et de mainmise » sur l’institution d’autorégulation.

En outre, les organisations professionnelles réaffirment leur rejet catégorique du projet de loi, tout en réitérant leur attachement indéfectible à la philosophie et à l’essence de l’autorégulation fondée sur l’indépendance, la démocratie et l’élection des représentants des journalistes et des éditeurs au suffrage de liste et à la représentation proportionnelle, ainsi que sur le renforcement de la représentativité du public au sein du Conseil national de la presse.

Elles appellent, en outre, à l’adoption des observations et recommandations du CESE et du CNDH, et exhortent les groupes de la majorité à s’engager sérieusement dans une révision en profondeur du projet de loi, afin de garantir la protection de l’autorégulation de la profession de la presse et de l’édition, et de préserver les principes de la liberté d’expression, du pluralisme, de l’indépendance et de la démocratie.

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