Tahraoui : l’achat des médicaments se fait exclusivement dans le cadre légal

Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a affirmé à la Chambre des représentants que l’acquisition des médicaments, à l’instar des autres achats publics, s’effectue exclusivement dans le cadre de la loi, précisant que les marchés publics sont conclus avec des sociétés soumises au droit commercial.

S’exprimant devant la Commission des secteurs sociaux, le ministre a souligné que les procédures d’achat des médicaments ne relèvent pas de décisions individuelles ou d’initiatives personnelles, mais sont mises en œuvre conformément au décret relatif aux marchés publics, lequel définit les règles de concurrence, les modalités de candidature et les principes de transparence et d’égalité des chances.

Il a ajouté que ces marchés font l’objet d’un contrôle rigoureux de la part des services compétents du ministère de l’Économie et des Finances, et qu’ils sont publiés préalablement sur le portail national des marchés publics, assurant ainsi l’égalité d’accès et une concurrence loyale.

Dans ce contexte, il a précisé que le marché relatif à l’approvisionnement en chlorure de potassium a été attribué, dans un cadre strict d’appel d’offres, à une entreprise productrice locale, et non à une société importatrice disposant d’une autorisation provisoire.

Concernant les accusations de conflit d’intérêts, le ministre a rappelé que les marchés publics ne sont jamais conclus avec des personnes physiques, mais uniquement avec des sociétés régies par le droit commercial, affirmant l’engagement du ministère à appliquer la loi « telle qu’elle est, sans sélectivité ni exception ».

S’agissant de la gestion des autorisations liées aux médicaments, Tahraoui a indiqué qu’elle relève de l’Agence marocaine du médicament et des produits de santé, précisant que sa mise en place est le fruit de la loi 10.22, un réforme structurelle majeure venue résoudre des problématiques persistantes depuis des années.

De son côté, le directeur général de l’Agence, Samir Ahed, a exposé les contraintes auxquelles fait face l’entreprise détentrice de l’autorisation de mise sur le marché du chlorure de potassium, un médicament vital particulièrement utilisé en cardiologie et en réanimation.

Il a notamment évoqué l’arrêt de la ligne de production des formes injectables en raison de travaux de reconstruction de l’unité industrielle, ainsi que des échanges techniques répétitifs entre l’entreprise et les autorités de régulation au cours de 2023 et 2024.

Compte tenu de l’importance thérapeutique du médicament et des risques d’arythmie sévère liés à un déficit aigu en potassium, l’Agence accompagne techniquement le fabricant, recourt si nécessaire à des autorisations exceptionnelles d’importation, et accélère l’examen des mises à jour d’autorisation, en coordination avec les établissements sanitaires et la direction de l’approvisionnement.

Ahed a précisé que ces autorisations exceptionnelles ne sont délivrées que lorsqu’un besoin thérapeutique avéré concerne un médicament non enregistré ou en rupture, notamment dans des situations d’urgence mettant en danger la vie des patients ou dans le cadre de demandes d’hôpitaux et de marchés publics.

Il a ajouté que le nombre d’autorisations exceptionnelles a fortement augmenté en 2024 en raison des tensions sur le marché international, particulièrement concernant les médicaments vitaux et leurs matières premières, mais a reculé en 2025 grâce aux mesures correctives de l’Agence, telles que l’amélioration du suivi des stocks nationaux, le renforcement du contrôle du stock stratégique obligatoire et l’accélération de l’enregistrement des médicaments essentiels.

Ces mesures anticipatives ont permis d’éviter la rupture d’un médicament vital utilisé en cardiologie, d’activer des mécanismes juridiques protégeant la vie des patients, et de relancer la production nationale après remise à niveau industrielle.

Les députés de la majorité ont salué la création de l’Agence marocaine du médicament et des produits de santé comme réponse aux défis du secteur, notamment en matière de souveraineté pharmaceutique. Ils ont souligné son rôle dans le suivi du marché, la disponibilité des médicaments essentiels et le contrôle de leur qualité selon les standards internationaux.

Les groupes majoritaires ont également relevé la problématique du coût élevé des médicaments au Maroc, l’expliquant par l’absence historique de régulation tarifaire efficace, ainsi que par le recul de la production locale et du niveau d’autosuffisance.

Des groupes de l’opposition ont, quant à eux, critiqué la gestion des marchés d’acquisition de médicaments, appelant à créer une commission d’enquête sur les prix élevés de plusieurs produits. Ces groupes ont toutefois insisté sur la nécessité de renforcer l’industrie pharmaceutique nationale, considérée comme la garantie ultime de souveraineté sanitaire.

Related Posts

Leave A Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *