Un tournant majeur se dessine dans la diplomatie internationale autour du conflit du Sahara. Lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exprimé la disposition de Moscou à accueillir favorablement le plan d’autonomie proposé par le Maroc, le qualifiant de « l’une des formes possibles d’autodétermination ». Une déclaration qui marque un changement notable dans la position russe, longtemps perçue comme alignée sur l’approche algérienne privilégiant un règlement exclusivement onusien.
Ce positionnement intervient à quelques jours d’une session cruciale du Conseil de sécurité de l’ONU, consacrée à l’examen des derniers développements au Sahara et à l’avenir de la mission onusienne dans la région (MINURSO). Le timing n’est pas anodin : il pourrait influencer la dynamique des négociations internationales et ouvrir de nouvelles perspectives pour une solution politique durable, soutenue par les grandes puissances.
Pour Khalid Chiat, professeur de relations internationales à l’Université Mohammed Ier d’Oujda, « la déclaration russe représente un véritable tournant dans le discours de Moscou. Jusqu’ici, la Russie restait proche de la ligne algérienne, centrée sur l’autodétermination du peuple sahraoui. Aujourd’hui, elle reconnaît que l’autonomie proposée par le Maroc peut constituer une forme d’autodétermination, ce qui est un changement stratégique majeur ».
Selon l’expert, ce positionnement laisse la porte ouverte à d’autres options tout en s’appuyant sur l’expérience russe de gestion de statuts particuliers au sein de son territoire, comme en Tchétchénie. Il souligne néanmoins que la Russie conditionne son soutien à l’acceptation des principales parties concernées, à savoir le Maroc, le Polisario et l’Algérie, un paramètre délicat mais cohérent avec l’esprit des résolutions onusiennes appelant à un règlement « pacifique, politique et consensuel ».
Pour Moussawi Al-Ajlawi, expert marocain des questions sahariennes, « cette évolution traduit une nouvelle phase dans le dossier du Sahara. Au sein de l’ONU, le cadre de référence du conflit semble désormais s’orienter vers une solution politique basée sur l’autonomie, un signal fort en faveur de la souveraineté du Maroc sur son Sahara ». L’expert relève également que les récents propos du président algérien laissent entrevoir une forme d’acceptation implicite de cette nouvelle posture russe.
Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à statuer fin octobre sur la situation, la déclaration de Moscou pourrait contribuer à créer les conditions d’un consensus autour d’un règlement politique, fondé sur l’autonomie, sans recourir au veto. Pour le Maroc, cette évolution représente une reconnaissance diplomatique majeure et un pas significatif vers la résolution d’un conflit qui dure depuis des décennies.