Sergueï Lavrov prône une solution négociée et équilibrée au dossier du Sahara

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a adopté un ton mesuré en évoquant, lundi à Moscou, la question du Sahara. Le chef de la diplomatie russe a réaffirmé le soutien de son pays à une solution politique « équilibrée, juste et durable » sous l’égide des Nations Unies, impliquant l’ensemble des parties prenantes.

À quelques jours du vote d’une nouvelle résolution onusienne sur le dossier, dont les États-Unis sont le porte-plume, Lavrov a précisé que le principe d’autodétermination ne se limite pas à l’organisation d’un référendum. Il peut également s’exprimer, a-t-il dit, à travers des solutions négociées, notamment autour d’un plan d’autonomie.

« Toute issue doit tenir compte de la volonté des populations concernées et s’appuyer sur les décisions du Conseil de sécurité ainsi que sur le processus politique en cours », a insisté le ministre, soulignant la nécessité d’un consensus global.

Lavrov a rappelé les efforts menés par l’ancien envoyé spécial des Nations Unies, James Baker, à une époque où un large consensus international existait autour de l’idée d’un référendum. Ce scénario, a-t-il noté, s’est ensuite révélé difficile à mettre en œuvre, d’où l’émergence de nouvelles approches privilégiant la négociation.

Le chef de la diplomatie russe a par ailleurs reconnu que le Maroc, sans rejeter le principe d’autodétermination, défend une approche légitime fondée sur un plan d’autonomie, considéré comme « réaliste et crédible ». Pour Lavrov, l’essentiel est de parvenir à une solution équilibrée, soutenue par des garanties internationales, permettant de tourner la page d’un différend vieux de plusieurs décennies.

Moscou, a-t-il précisé, demeure attachée au processus politique conduit par le Conseil de sécurité. « La Russie continuera de soutenir les efforts onusiens et reste ouverte à de nouvelles discussions en cas d’adoption d’une résolution actualisée », a-t-il indiqué.

Ces déclarations interviennent après un échange entre Lavrov et son homologue marocain, Nasser Bourita, la semaine dernière. Les deux ministres avaient alors réaffirmé leur volonté de renforcer le dialogue politique et les liens historiques entre Rabat et Moscou. Une rencontre bilatérale est d’ailleurs prévue cette semaine dans la capitale russe, dans le prolongement des engagements pris dans la Déclaration de partenariat stratégique approfondi signée en 2016.

Parallèlement, le Maroc s’est abstenu lors du vote d’une résolution prolongeant le mandat du rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme en Russie — un texte jugé par Moscou comme motivé par des considérations politiques, dans un contexte de fortes tensions avec l’Occident depuis le déclenchement du conflit en Ukraine.

Malgré sa proximité traditionnelle avec l’Algérie, la Russie a toujours adopté une position équilibrée sur la question du Sahara. Moscou n’a jamais opposé son veto aux résolutions du Conseil de sécurité et a, au contraire, contribué à la reconduction régulière du mandat de la MINURSO.

Cette neutralité pragmatique satisfait la diplomatie marocaine, qui s’efforce de clore un dossier vieux d’un demi-siècle. La prochaine résolution du Conseil de sécurité, attendue dans les jours à venir, devrait consacrer davantage le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme base principale d’une solution politique durable.

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