Lors d’une journée d’étude consacrée au projet de loi sur la réorganisation du Conseil national de la presse (CNP), tenue ce lundi 13 octobre à la Chambre des conseillers, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mehdi Bensaid, a détaillé sa vision pour une presse nationale moderne, autonome et éthique.
Le ministre a insisté sur le caractère démocratique et participatif de cette réforme : « Nous vivons aujourd’hui un moment démocratique par excellence », a-t-il affirmé, saluant le rôle du Parlement dans l’enrichissement du texte grâce à la concertation avec l’ensemble des acteurs du secteur. Cette démarche vise, selon lui, à produire un cadre juridique solide et porteur d’une vision partagée pour l’avenir de la presse marocaine.
Depuis plusieurs années, le Maroc a adopté le principe de l’autorégulation pour la presse, créant ainsi une séparation claire entre la gestion gouvernementale et l’organisation professionnelle du secteur. Après une première expérience marquée par des réussites mais aussi des limites, le gouvernement a lancé, dès 2021, une révision profonde du cadre légal encadrant le CNP, afin de corriger les insuffisances juridiques identifiées. Le projet de loi, déjà adopté par la Chambre des représentants, vise à renforcer les prérogatives du Conseil, notamment dans l’encadrement de la profession, la délivrance de la carte de presse, le traitement des plaintes et la création d’un environnement professionnel sain.
Pour Mehdi Bensaid, l’équilibre entre liberté de la presse et régulation professionnelle autonome constitue un enjeu majeur : « Le Conseil, en tant qu’instance indépendante d’autorégulation, est une garantie essentielle du respect des règles déontologiques et des devoirs du métier. Cette réforme vise à renforcer la crédibilité du journalisme marocain et à protéger les valeurs d’une presse libre, éthique et professionnelle ».
Le ministre a également souligné les défis liés au numérique et à l’intelligence artificielle, appelant à intégrer ces mutations dans le cadre réglementaire. « L’espace numérique est désormais la principale scène de diffusion et de débat. Il est essentiel de protéger les médias sérieux tout en garantissant la durabilité économique des entreprises de presse digitales », a-t-il expliqué.
Mehdi Bensaid a insisté sur l’importance de la formation continue des journalistes : aucun média fort ne peut exister sans des professionnels qualifiés, capables de maîtriser les nouvelles technologies et de produire un contenu de qualité. Il a rappelé que cette réforme n’est pas une intervention directe du gouvernement, mais le fruit d’une concertation menée par la commission provisoire issue de la profession, conformément à l’article 28 de la Constitution.
Enfin, le ministre a évoqué l’horizon 2030 et la nécessité d’une modernisation profonde du paysage médiatique national, fondée sur le débat, l’analyse et la défense des grandes causes sociétales. Pour lui, un Conseil national de la presse fort et autonome est la clé d’une souveraineté médiatique nationale pleine et entière, où liberté et responsabilité vont de pair.