Ce jeudi, le Maroc commémore le 27e anniversaire de la disparition de Feu Hassan II, Roi du Royaume de 1961 à 1999. Cette commémoration est l’occasion de revenir sur un règne exceptionnel, marqué par la consolidation des institutions, la modernisation économique, une diplomatie stratégique et le renforcement de l’identité nationale.
À son accession au trône le 3 mars 1961, Hassan II hérite d’un Royaume jeune, encore en construction après l’indépendance de 1956. Conscient des enjeux de stabilité, il adopte la Constitution de 1962, qui instaure un cadre institutionnel moderne, avec un parlement bicaméral, un gouvernement responsable et un pouvoir judiciaire indépendant.
Les premières années de son règne sont marquées par des crises politiques, notamment les tentatives de coups d’État en 1971 et 1972, auxquelles il répond par des réformes prudentes mais déterminantes, tout en consolidant le rôle de la monarchie comme garant de l’unité nationale. La révision constitutionnelle de 1996 illustre sa volonté de modernisation et de démocratisation, en élargissant les droits et libertés, tout en renforçant le rôle du parlement et la participation politique des citoyens, posant ainsi les bases du Maroc contemporain.
Le feu Hassan II a fait du Maroc un acteur incontournable de la diplomatie africaine et mondiale. Fondateur de l’Organisation de la Conférence Islamique en 1969, il joue un rôle actif dans la médiation de conflits régionaux, notamment autour du Sahara occidental et du Moyen-Orient. Son règne est marqué par une diplomatie équilibrée entre les puissances occidentales et le monde arabe, consolidant les alliances stratégiques du Royaume tout en défendant ses intérêts économiques et sécuritaires. Les relations renforcées avec l’Union européenne et la visite historique du président américain Jimmy Carter en 1980 témoignent de cette stratégie d’ouverture internationale.
Le développement économique a été l’une des priorités majeures de son règne. Dès les années 1970, le Roi Hassan II initie d’ambitieux projets d’infrastructure, tels que la construction de ports à Casablanca et Tanger pour soutenir le commerce international, ainsi que la réalisation de plus de quarante barrages pour sécuriser l’approvisionnement en eau et soutenir l’agriculture. Le programme d’industrialisation et d’urbanisation, avec la création de villes nouvelles comme Mohammedia et Témara, répond aux besoins d’une population croissante et transforme le paysage économique et social du pays. Ces initiatives permettent de diversifier l’économie, de stimuler les investissements étrangers et de préparer le Maroc à l’ère de la mondialisation.
Conscient que la modernisation passe également par l’éducation et la culture, le feu Hassan II multiplie les initiatives dans ces domaines. Il soutient la création d’institutions éducatives et universitaires pour former une nouvelle génération de cadres et de professionnels, tout en valorisant le patrimoine culturel et artistique à travers la rénovation de monuments historiques et le financement de festivals et d’arts traditionnels. Son action contribue à forger une identité nationale capable de conjuguer tradition et ouverture sur le monde.
La Marche Verte, lancée en novembre 1975 sous l’impulsion de Feu Hassan II, constitue l’un des moments les plus emblématiques de son règne et un tournant majeur de l’histoire contemporaine du Maroc. Face aux tensions autour du Sahara marocain, le Roi a mobilisé près de 350 000 civils volontaires pour marcher pacifiquement vers le territoire, symbolisant à la fois l’unité nationale et la détermination du peuple marocain à défendre son intégrité. Cet événement historique, combinant stratégie politique, diplomatie et mobilisation populaire, a permis au Maroc d’affirmer sa souveraineté sur le Sahara tout en limitant les risques d’affrontements militaires majeurs. La Marche Verte reste encore aujourd’hui un symbole fort de la capacité de Hassan II à conjuguer vision politique et action concrète, inscrivant cet épisode dans les grandes pages de l’histoire nationale.
Les coulisses du pouvoir sous Hassan II révèlent un monarque capable de combiner vision stratégique et pragmatisme. Il dirigeait avec une connaissance intime des rouages politiques et une capacité exceptionnelle à anticiper les crises, qu’elles soient internes ou externes. Les réunions au Palais Royal, les conseils de cabinet et les échanges discrets avec les responsables militaires et diplomatiques étaient autant d’espaces où se négociaient décisions cruciales et orientations politiques.
Ce savoir-faire lui a permis de naviguer entre oppositions politiques, pressions sociales et enjeux régionaux, tout en maintenant l’unité du pays et la continuité de l’État. La discrétion et le contrôle méticuleux des informations constituaient des éléments essentiels de sa manière de gouverner, offrant une stabilité rare dans un contexte parfois instable.
Tout au long de son règne, Hassan II a fait face à de nombreux défis. Les mouvements de contestation et les crises économiques des années 1980 et 1990 ont été gérés avec un mélange de dialogue, de réformes graduelles et de maintien de l’ordre, assurant la stabilité et la cohésion nationale. Son leadership pragmatique et visionnaire a permis de protéger les institutions et de préparer progressivement le Royaume à des transformations politiques et sociales profondes.
Vingt-sept ans après sa disparition, l’influence de Feu Hassan II demeure tangible. La modernisation économique, le rôle diplomatique du Maroc et la consolidation des institutions sont des héritages directs de son règne. Son leadership, alliant pragmatisme politique et sens profond du devoir, laisse une empreinte durable dans les couloirs du pouvoir et dans la mémoire collective des Marocains. Les valeurs qu’il a incarnées – stabilité, modernisation et rayonnement international – continuent de guider le Royaume et rappellent que son règne reste un exemple majeur pour comprendre l’évolution politique, économique et sociale du Maroc contemporain.
