Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amin Tahraoui, a déclaré mercredi 1er octobre, devant la Commission des secteurs sociaux de la Chambre des représentants, que « les difficultés du système de santé marocain sont anciennes et profondément enracinées ». Il a affirmé que la réforme globale actuellement en cours constituait la seule voie pour répondre aux attentes des citoyens en matière de soins de qualité et respectueux de la dignité humaine.
« Il existe une multitude de revendications exprimées non seulement par la jeunesse, mais aussi par l’ensemble des citoyens. Beaucoup de ces demandes concernent directement le secteur de la santé. Le gouvernement les comprend et partage ces préoccupations », a déclaré le ministre, soulignant que « le consensus parlementaire autour de la loi-cadre sur la santé illustre une volonté collective d’aller de l’avant ».
Selon lui, la réforme du système repose sur quatre piliers fondamentaux : les infrastructures, les ressources humaines, la gouvernance et la numérisation.
Cependant, plusieurs parlementaires ont exprimé de vives réserves quant à la portée réelle de cette réforme. Rachid Hammouni, président du groupe du Progrès et du Socialisme, a affirmé : « Nous ignorons quel est le véritable aboutissement de cette réforme dont parle le gouvernement. Rien n’a encore été concrètement ressenti sur le terrain. On ne peut pas créer 30 000 médecins du jour au lendemain. Le déficit doit être géré avec les moyens existants ».
Il a par ailleurs dénoncé la croissance spectaculaire des cliniques privées, qui, selon lui, « rivalisent désormais avec l’industrie automobile et le secteur bancaire, tandis que les hôpitaux publics continuent de souffrir de retards d’équipement et de gestion ». Certains établissements, a-t-il rappelé, « restent fermés pendant des années sans être ouverts au public ». Hammouni s’est interrogé : « À qui profite le blocage de la réforme ? Est-ce pour servir les intérêts du secteur privé au détriment de la santé publique ? » Et d’ajouter : « Si tel est le choix du gouvernement, qu’il ait le courage de fermer les hôpitaux publics. »
Pour Mustapha Ibrahimi, député du groupe Justice et Développement, les protestations qui secouent plusieurs villes marocaines trouvent leur origine dans des décès récents enregistrés dans les hôpitaux, notamment à Agadir. « Ces drames ont agi comme un détonateur de la colère populaire », a-t-il expliqué.
Il a également lié la montée des tensions à « l’intervention médiatique du chef du gouvernement, diffusée par des chaînes étroitement contrôlées par l’exécutif, où il a tenté de dresser un tableau positif de la situation. La réponse populaire a été immédiate et brutale. »
Ibrahimi a enfin pointé du doigt sur le problème structurel des marchés publics au sein du ministère de la Santé, accaparés par de grands groupes », avant de conclure que « les secteurs les plus exposés à la colère sociale, à savoir la santé et l’éducation, sont minés par la corruption et les conflits d’intérêts.






