Un impressionnant dispositif sécuritaire a été mobilisé dimanche matin dans la région d’Alger pour mettre fin à la cavale du général Nacer el Djinn, de son vrai nom Abdelkader Haddad. L’ancien chef du contre-espionnage algérien, en fuite depuis deux jours, avait pourtant déjà connu la prison en mai dernier, avant d’être assigné à résidence surveillée.
La trajectoire de ce haut gradé est marquée par des allers-retours entre disgrâce et réhabilitation. Exilé en Espagne à partir de l’été 2018, au moment des grandes purges ordonnées par Ahmed Gaïd Salah, il avait retrouvé grâce aux yeux du pouvoir quatre ans plus tard.
Promu général, il s’était vu confier des responsabilités sensibles au sein du renseignement. À la tête du centre de détention « Antar », symbole des abus présumés commis au cœur d’Alger, il gravit rapidement les échelons jusqu’à prendre, en juin 2024, la direction de la DGSI, l’organe central de la sécurité intérieure. Mais son ascension s’interrompt brutalement moins d’un an plus tard : évincé en mai, arrêté puis placé en résidence surveillée, il finit par tenter une fuite qui aura duré 48 heures seulement.
L’évasion de Nacer el Djinn a provoqué une onde de choc au sein de l’appareil militaire. Le week-end a été marqué par une série d’arrestations et de sanctions visant la DCSA, ce service de renseignement militaire directement rattaché à l’État-Major. Le général Mahrez Djeribi, son chef, a été écarté de ses fonctions selon plusieurs sources concordantes. Proche du général Saïd Chengriha, il avait été rappelé de sa retraite quelques mois plus tôt, avant d’être promu général en juillet dernier.
« Si la DCSA a réellement tenté de jouer sur deux tableaux face à l’État-Major, analyse un spécialiste du système sécuritaire algérien, alors même qu’elle dispose encore des prérogatives de l’ancien DRS dirigé par le général Toufik jusqu’en 2015, cela signifie que l’armée fonctionne désormais comme un navire sans gouvernail ».