Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a annoncé une série de mesures destinées à atténuer les difficultés rencontrées par les professionnels marocains du transport international de marchandises, particulièrement touchés par la crise des visas avec la France.
Interpellé par le député Mostafa Brahimi (PJD) sur les lourdes pertes financières générées par les refus, Bourita a rappelé que plusieurs pays européens, dont la France, confient la gestion des demandes de visas à des sociétés privées. Ces procédures déléguées, souvent critiquées, ont engendré des retards, une pénurie de rendez-vous et une prolifération d’intermédiaires illégaux.
Des discussions bilatérales avec Paris
Face à ces dysfonctionnements, le ministère a ouvert des discussions directes avec les consulats français au Maroc. Résultat : de nouvelles dispositions ont été mises en place, notamment une vérification de l’identité des demandeurs par entretien vidéo avant la validation des rendez-vous, afin de limiter l’influence des courtiers.
Le ministre a aussi confirmé l’élargissement des capacités d’accueil des centres de visas, l’extension des horaires de dépôt (incluant le samedi matin et la fin de journée), ainsi que des mesures spécifiques pour certaines catégories :
Renouvellement sans rendez-vous pour les détenteurs d’un visa Schengen d’un an ou plus au cours des quatre dernières années.
Dépôt direct pour les étudiants universitaires, dans la limite des quotas journaliers.
Des pertes financières estimées à plusieurs centaines de millions
De son côté, le député Brahimi a mis en avant l’ampleur du coût des refus : près de 100 milliards de centimes supportés par les citoyens en 2024, avec un taux de rejet avoisinant les 20 %. Pour l’État marocain, les pertes seraient estimées à 200 millions de dirhams au titre des frais non remboursés par les pays de l’Union européenne, sans compter d’autres destinations.
Il a plaidé pour que le Maroc exige des explications officielles sur les refus et négocie des mécanismes de remboursement partiel des frais en cas de rejet.
La France, premier pays délivreur de visas aux Marocains
Selon Bourita, plus de 606.000 visas ont été accordés aux Marocains en 2024, dont 284.000 par la France, ce qui place le Maroc en tête des bénéficiaires de visas français dans la région. Le ministre a toutefois rappelé que l’octroi de visas demeure une décision souveraine relevant de chaque représentation diplomatique.
Brahimi a, pour sa part, dénoncé les pratiques abusives de certains intermédiaires et réclamé la mise en place de solutions adaptées aux cas urgents, comme les situations médicales critiques.