Dans un tournant inédit qui hisse la langue arabe au cœur de l’édifice éducatif marocain, le dernier numéro du Bulletin officiel a consacré l’entrée en vigueur d’un ensemble de textes réglementaires relatifs à l’enseignement supérieur. Désormais, à compter de l’année universitaire 2025-2026, l’ensemble des filières de licence et de master devront intégrer un module obligatoire dispensé en langue arabe, y compris dans les cursus scientifiques, médicaux et d’ingénierie.
Ces dispositions s’inscrivent dans le sillage de la mise en œuvre de la loi-cadre 17-51 relative au système d’éducation, de formation et de recherche scientifique, qui érige le renforcement de l’identité linguistique nationale en principe cardinal. L’esprit du texte est clair : introduire la langue arabe comme vecteur de savoir, même dans les formations historiquement dominées par les langues étrangères.
Les nouveaux référentiels pédagogiques pour les cycles de licence et de master adoptent le système des crédits capitalisables, inspiré des standards internationaux et notamment du modèle du “Bachelor”, traduisant ainsi une volonté affirmée d’ouverture et d’harmonisation avec les pratiques académiques mondiales. Ils imposent qu’au moins une unité de formation soit dispensée en arabe dans toutes les filières scientifiques, médicales, techniques ou professionnelles fonctionnant jusque-là exclusivement dans d’autres langues.
Pour Khalid Samadi, ancien secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur, ce choix représente une « étape historique ». Sur ses réseaux sociaux, il a salué une décision qui permettra à l’arabe de faire son entrée, pour la première fois, dans les facultés des sciences, les écoles d’ingénieurs et les facultés de médecine. Une « vision intégrée », écrit-il, destinée à consolider le pluralisme linguistique tout en consacrant la souveraineté linguistique nationale.
Pour les observateurs, cette mesure offrira aux étudiants l’opportunité de parfaire leur maîtrise de l’arabe et de favoriser la transmission des savoirs et de la recherche scientifique vers un public plus large. Loin d’entraver l’ouverture internationale des filières scientifiques et techniques, elle devrait au contraire élargir les horizons et affirmer l’ancrage culturel du Maroc dans la modernité.