Les incendies qui ravagent l’Espagne depuis le début de l’année ont atteint un niveau alarmant, détruisant plus de 343.000 hectares de forêts et de terres agricoles, selon les données du système européen d’information sur les feux de forêts (EFFIS), rattaché à l’Observatoire Copernicus. Ce chiffre, jamais atteint auparavant, dépasse le précédent record de 2022, où les flammes avaient consumé 306.000 hectares, confirmant une aggravation inquiétante du phénomène.
Cette intensification des incendies trouve son origine dans des conditions climatiques extrêmes : sécheresse prolongée, vagues de chaleur répétées et effets directs du changement climatique qui fragilisent les écosystèmes. Dans ce contexte, chaque départ de feu devient une menace potentiellement incontrôlable, transformant la péninsule ibérique en l’un des foyers les plus vulnérables d’Europe. La destruction de surfaces aussi vastes entraîne non seulement la perte de milliers d’hectares de forêts, essentielles à la régulation climatique et à la biodiversité, mais aussi la disparition de ressources vitales pour les populations rurales dont la subsistance repose largement sur l’agriculture et l’exploitation forestière.
Les conséquences humaines et sanitaires sont également notables : la pollution atmosphérique due aux fumées affecte lourdement les zones urbaines et rurales, exposant les habitants, notamment les plus fragiles, à des risques respiratoires graves. La répétition de ces épisodes d’incendies laisse présager un coût économique et social élevé, qui s’ajoute aux pertes écologiques irréversibles.
À l’échelle européenne, si l’Espagne franchit aujourd’hui un seuil critique, le précédent le plus dramatique reste celui du Portugal en 2017, avec 563.000 hectares partis en fumée et 119 morts. Ce rappel souligne l’ampleur d’un défi qui dépasse les frontières nationales et qui appelle une mobilisation commune face à l’urgence climatique.
Les autorités espagnoles, malgré le renforcement des dispositifs de lutte — avions bombardiers d’eau, brigades spécialisées, coopération internationale — peinent à contenir l’ampleur de la catastrophe. De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une meilleure coordination européenne et des investissements massifs dans la prévention, la gestion durable des forêts et la formation des équipes d’intervention.